Avec notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezali
Menacés d'être rapatriés pendant l'hiver, victimes de racket, de détentions arbitraires et de raids nocturnes par la police : le quotidien de certains réfugiés afghans au Pakistan s'est détérioré ces dernières années et plus particulièrement ces derniers mois, révèle l'ONG Human Rights Watch, dans son dernier rapport.
« Au Pakistan, ils nous rendaient la vie dure. Nous n'en pouvions plus. On ne pouvait pas travailler, on ne trouvait pas d'emploi. Et si on gagnait un peu d'argent, la police nous le prenait. La situation à Kunduz est très mauvaise. Il y a une guerre là-bas, les gens n'ont pas d'eau ni de nourriture et pas d'endroit pour vivre en sécurité. Et pourtant on nous oblige à y retourner », témoigne l'un des réfugiés.
L'organisation de défense des droits de l'homme appelle les autorités pakistanaises à mettre fin à ces pratiques et met également en cause le rôle du Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), qui n'a jamais dénoncé ces comportements. Selon Human Rights Watch, en doublant à 400 dollars par personne l'aide financière accordée aux réfugiés afghans qui acceptent de rentrer chez eux, l'organisme s'est même rendu coupable de complicité avec le gouvernement pakistanais qui expulse des réfugiés vers un pays en guerre, où 11 500 victimes civiles ont été recensées l'année dernière.
Le HCR conteste
Des accusations démenties par le HCR. « Nous partageons les préoccupations concernant les nombreuses pressions exercées à l'encontre des réfugiés, mais nous ne sommes pas d'accord avec les conclusions de ce rapport, réagit sur RFI Ariane Rummery, porte-parole du HCR pour l'Asie. Ce dossier est extrêmement complexe. Les réfugiés sont retournés en Afghanistan pour de multiples raisons. Il y a certainement eu des menaces et la peur d'être harcelés, mais il y a eu de nombreux autres facteurs et nous devons les comprendre pour leur assurer une meilleure protection au Pakistan et une intégration durable à tous ceux qui décident de retourner en Afghanistan. »
Elle rappelle que le HCR « a beaucoup travaillé en faveur des réfugiés durant toute l'année 2016, en les informant de leurs droits. Nous avons mené de nombreuses campagnes pour qu'ils sachent comment joindre un numéro vert d'assistance. Nous sommes d'ailleurs intervenus dans 5 900 cas. Notre mission de protection des réfugiés au Pakistan consiste à intervenir en cas d'arrestation, assurer leur défense auprès des institutions gouvernementales. Nous sommes évidemment inquiets concernant les pressions exercées l'an dernier à l'encontre des réfugiés, mais le Haut Commissariat réfute les accusations selon lesquelles il y a eu des expulsions massives forcées de réfugiés. »