Plusieurs dizaines de prisonniers ont été arrêtés ou tués depuis l'évasion de 158 détenus de la prison de Kidapawan, sur l'île méridionale de Mindanao. Dans la nuit de mardi à mercredi, des hommes armés ont mené un raid nocturne contre ce centre de détention, provoquant deux heures de combats. Certaines sources attribuent l'attaque à des insurgés musulmans cherchant à libérer des camarades.
Au total, 40 prisonniers ont été retrouvés jeudi après-midi, et sept autres tués dans une chasse à l'homme impliquant des tirs de mortiers contre des fugitifs retranchés dans la forêt ou dans des fermes retirées. Mais les autorités pénitentiaires ont reconnu que les recherches étaient compliquées du fait de la nature du terrain.
« C'est une zone très vaste. Outre les plantations de sucre, de caoutchouc ou de noix de coco, il y a des endroits et des camps tenus par des rebelles dans lesquels nous ne pouvons pas facilement entrer », a déclaré Peter Bongngat, un des responsables de la prison.
Aide des habitants
Située dans une zone forestière retirée, la prison de Kidapawan abritait 1 511 détenus avant l'attaque, parmi lesquels des rebelles de différents groupes, mais aussi des membres de bandes criminelles. 39 des fugitifs étaient détenus pour viol et 35 autres pour meurtres, selon l'administration pénitentiaire.
A Kabacan, localité rurale à une trentaine de kilomètres de Kidapawan, les habitants ont tuyauté les autorités au sujet de certains évadés se reposant sous le couvert de plantations de palmiers à huile ou d'hévéas. « Nous sommes sur nos gardes car certains des fugitifs sont des criminels condamnés. Mais ce qui est bien c'est que les habitants coopèrent », a déclaré le maire de Kabacan Herlo Guzman.
La prison surpeuplée de Kidapawan a été plusieurs fois la cible d'attaques. Shirlyn Macasarte, qui assure l'intérim au poste de gouverneur de la province de Cotabato, a indiqué que des renseignements laissaient penser que l'assaut de mercredi avait été préparée par les Bangsamoro Islamic Freedom Fighters (Biff), une faction dissidente du Front Moro islamique de libération (MNLF), principal groupe rebelle musulman du pays, avec lequel le gouvernement a lancé des négociations de paix.
(avec AFP)