Au nord de la Chine, des millions d'habitants bloqués chez eux par la pollution

Avions cloués au sol, camions de provisions alimentaires bloqués dans la banlieue de Pékin... La situation est toujours critique dans le nord de la Chine, frappé par une pollution aux particules ultrafines, dangereuses pour la santé car elles pénètrent directement dans les poumons.

De notre correspondante à Pékin,

Une brume opaque enveloppe Pékin. L’air est irrespirable, saturé d’une odeur âcre de charbon, donnant des maux de tête, mais aussi une sensation de brûlure dans la gorge. A chaque sortie, il faut mettre un masque pour se protéger – une protection probablement assez dérisoire. D’ailleurs, les salles d’attente des hôpitaux sont bondées ces jours-ci.

Depuis cinq jours, les bâtiments sont à peine visibles d'un côté à l'autre des rues de la capitale chinoise. Ce mercredi soir encore, l’application spécialisée indique une pollution « dangereuse », avec un taux de particules fines dans l’air de 400. C’est 16 fois au-dessus du seuil maximal auquel on ne devrait pas s’exposer pendant plus de 24 heures. Mais impossible de suivre ces recommandations de l’Organisation mondiale de la santé quand on habite à Pékin.

Vivre enfermé

Ceux qui peuvent vivent alors cloîtrés chez eux, avec les portes et les fenêtres fermées. Pour autant, ce n’est pas vraiment une solution non plus car les microparticules PM2.5 ne s’arrêtent pas devant la porte. Elles s’infiltrent dans chaque pièce.

Beaucoup de foyers à Pékin – et surtout ceux des expatriés – sont équipés de purificateurs d’air. Mais même avec cette ventilation constante, le taux de particules fines dépasse parfois 120 à l'intérieur, soit six fois celui enregistré au même moment à Paris.

Mesures d'urgence

Des mesures d’urgence ont été mises en place vendredi 16 décembre, comme la circulation alternée et la fermeture de 1 200 usines et chantiers, mais malgré cela, la situation s’est plutôt aggravée au fil des jours.

Ces mesures d’urgence sont-elles vraiment respectées ? Le doute est permis, surtout depuis que le ministère de l’Environnement a affirmé que des inspecteurs avaient constaté plusieurs cas de violations. Dans un communiqué, Greenpeace réclame d’ailleurs des sanctions plus importantes. L’ONG pointe du doigt l’industrie lourde et les centrales à charbon comme principaux responsables de cette grave vague de pollution.

460 millions de Chinois impactés

Actuellement, c’est tout le nord de la Chine qui subit cette vague de pollution record, la pire de cette année : 460 millions de Chinois sont concernés. Dans la capitale du Hebei – la province qui entoure Pékin avec de nombreuses usines polluantes –, la brume est particulièrement opaque et donc toxique.

Pourtant, les autorités ont attendu jusqu’à ce mercredi 21 décembre, soit cinq jours après le début du pic de pollution, avant de fermer les écoles, provoquant la colère des parents. Pendant ce temps, des enfants continuent de jouer dehors et des personnes âgées dansent dans les parcs ou jouent au Mah-jong. Certains habitants ont trouvé une astuce : se réfugier dans les parkings aux sous-sols des immeubles.

Exode

Il y a aussi ceux qui quittent le nord du pays pour respirer de l’air plus sain dans le sud de la Chine, voire en Thaïlande ou en Malaisie voisine. Il s’agit d’un véritable exode pour fuir la pollution. Les vols pour l’île tropicale de Hainan, pour Dali et Xiamen dans le sud sont complets. Mais les voyageurs n’ont aucune garantie que leur avion puisse décoller. Des centaines de vols sont annulés pour cause... de pollution.

Autre conséquence, les prix des fruits et des légumes risquent d’augmenter car de nombreux camions censés les acheminer vers les grandes villes sont bloqués dans les banlieues à cause des restrictions pour la circulation. Petite lueur d'espoir tout de même, l’alerte rouge devrait être levé cette nuit dans la nuit.

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