Chute programmée de Park: la Corée du Sud au lendemain d'un vote historique

Le président sud-coréen par intérim, Hwang Kyo-ahn, a tenu ce samedi 10 décembre 2016 son tout premier Conseil des ministres, après le vote historique de destitution de Park Geun-hye la veille. Les députés coréens ont voté vendredi à une très large majorité la motion de destitution de la présidente, empêtrée dans un vaste scandale politico-financier. Mais ses fonctions ne sont que suspendues, la Cour constitutionnelle doit encore valider sa chute. Revue de presse du jour.

Avec notre correspondant à Séoul,  Frédéric Ojardias

Dans toute la presse coréenne, ce samedi, beaucoup d’euphorie et d’emphase. Cette destitution est « une glorieuse révolution obtenue par le pouvoir du peuple », s’enthousiasme le quotidien de centre gauche Hankyoreh, qui estime aussi qu’avec cette décision « historique », la Corée du Sud s’est débarrassée du fantôme de l’ancien dictateur Park Chung-hee, le père de la présidente destituée.

« La justice a prévalu, la voix du peuple aussi », se félicite de son côté le quotidien conservateur Joong-ang Ilbo, dans un - très - rare moment de satisfaction bipartisane. Le journal appelle à une normalisation politique la plus rapide possible, alors que l’économie du pays traverse de très fortes turbulences. Pour le journal anglophone The Korea Times, l’heure n’est d’ailleurs pas aux célébrations, car de nombreux défis attendent encore la Corée.

Un président par intérim, mais une présidente déchue pas encore tout à fait partie

Que va-t-il se passer aujourd’hui ? Les immenses manifestations du samedi sont-elles terminées ? Pas du tout, en fait ! Pour le septième samedi de suite, ces phénoménales veillées aux chandelles sont maintenues. Il s’agira bien sûr pour les opposants à Park Geun-hye de faire la fête et de célébrer cette destitution. Mais pas seulement. Les manifestants entendent à présent faire pression sur la Cour constitutionnelle, qui a six mois pour valider la destitution.

Cette validation n’est pas gagnée d’avance. Six des neuf juges qui la composent sont notoirement conservateurs. Et deux d’entre eux arrivent bientôt en fin de mandat. Or, seule la présidente peut nommer de nouveaux juges... Ce qui représente un vrai casse-tête constitutionnel ! Beaucoup appellent d’ailleurs Park Geun-hye à démissionner au plus vite, ce qui serait beaucoup plus simple. La « révolution des bougies », comme on la surnomme déjà, n’est donc pas terminée.

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