Avec notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias
Dans toute la presse coréenne, ce samedi, beaucoup d’euphorie et d’emphase. Cette destitution est « une glorieuse révolution obtenue par le pouvoir du peuple », s’enthousiasme le quotidien de centre gauche Hankyoreh, qui estime aussi qu’avec cette décision « historique », la Corée du Sud s’est débarrassée du fantôme de l’ancien dictateur Park Chung-hee, le père de la présidente destituée.
« La justice a prévalu, la voix du peuple aussi », se félicite de son côté le quotidien conservateur Joong-ang Ilbo, dans un - très - rare moment de satisfaction bipartisane. Le journal appelle à une normalisation politique la plus rapide possible, alors que l’économie du pays traverse de très fortes turbulences. Pour le journal anglophone The Korea Times, l’heure n’est d’ailleurs pas aux célébrations, car de nombreux défis attendent encore la Corée.
Un président par intérim, mais une présidente déchue pas encore tout à fait partie
Que va-t-il se passer aujourd’hui ? Les immenses manifestations du samedi sont-elles terminées ? Pas du tout, en fait ! Pour le septième samedi de suite, ces phénoménales veillées aux chandelles sont maintenues. Il s’agira bien sûr pour les opposants à Park Geun-hye de faire la fête et de célébrer cette destitution. Mais pas seulement. Les manifestants entendent à présent faire pression sur la Cour constitutionnelle, qui a six mois pour valider la destitution.
Cette validation n’est pas gagnée d’avance. Six des neuf juges qui la composent sont notoirement conservateurs. Et deux d’entre eux arrivent bientôt en fin de mandat. Or, seule la présidente peut nommer de nouveaux juges... Ce qui représente un vrai casse-tête constitutionnel ! Beaucoup appellent d’ailleurs Park Geun-hye à démissionner au plus vite, ce qui serait beaucoup plus simple. La « révolution des bougies », comme on la surnomme déjà, n’est donc pas terminée.