Avec notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias
La terre a encore tremblé ce matin en Corée du Nord. A 9h30 heure de Pyongyang, une secousse d’une magnitude de 5 à 5,3, selon les premières estimations, a été détectée sur le site d’essais nucléaires de Pungye-ri, au nord-est du pays près de la frontière avec la Chine.
L’explosion souterraine a sans doute été causée par une bombe nucléaire de 10 kt, estime le ministère sud-coréen de la Défense. Une puissance près de deux fois supérieure à celle du précédent essai de janvier.
Anniversaire de la dynastie des Kim
L’explosion a lieu alors que la Corée du Nord fête aujourd’hui le 68ème anniversaire de sa fondation par Kim Il-sung, le grand père du dirigeant actuel Kim Jong-un. Le nucléaire est devenu un élément central de la propagande et de la légitimité du régime et les pressions extérieures ne semblent pas entamer sa détermination.
A Séoul, de nombreux analystes accusent les sanctions toujours plus strictes infligées à Pyongyang d’être inefficaces et de ne pas s’accompagner en parallèle d’une politique de dialogue.
Les réactions n'ont pas tardé
Les premiers pays à réagir ont bien sûr été les voisins de la Corée du Nord qui n'ont pas attendu que Pyongyang reconnaisse ce tir, pour s'offusquer. La Corée du Sud, la plus directement concernée évidemment, parle d'une « provocation autodestructrice ». La présidente Park Geun-Hye pointe « l'inconscience maniaque » du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, et parle sans attendre de pressions à exercer, de sanctions à renforcer. Actuellement en visite au Laos, elle va écourter son séjour et rentrer à Séoul dès aujourd'hui.
Le Japon lui a emboîté le pas pour dénoncer un test absolument « inacceptable ». Le président Obama a fait savoir qu'il menait des consultations avec Séoul et Tokoyo et parle déjà de « conséquences graves ».
La Chine, allié traditionnel de Pyongyang mais manifestement de plus en plus mal à l'aise, s'oppose fermement à cet essai. Elle appelle même la Corée du Nord à honorer ses engagements en matière de dénucléarisation. En avril dernier déjà Pékin, avait décidé d'appliquer les sanctions recommandées par l'ONU contre son voisin à la suite d'essais de tirs nucléaires et de missiles balistiques, rappelle la correspondante de RFI à Shangaï. La communauté internationale espère que Pékin haussera une nouvelle fois le ton. Il est en effet le seul à pouvoir faire plier Pyongyang. Mais le pouvoir chinois ne veut pas déstabiliser son voisin nord coréen. Pékin est trop préoccupé par l'accord signé entre Washington et Séoul pour le déploiement d'un bouclier anti-missiles à la frontière avec la Corée du Nord. Pour l'agence de presse officielle chinoise, c'est même ce bouclier de défense qui est responsable de la montée des tensions dans la région.
Autre réaction ce vendredi matin, François Hollande, qui dénonce avec force ce 5ème essai : une « provocation » pour le président français qui appelle le conseil de sécurité de l'Onu à se saisir de cette violation de ses résolutions.
Enfin l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique, regrette elle un essai « très préoccupant et regrettable ».
→ à (re)lire: Corée du Nord: le régime contourne les sanctions de la communauté internationale