« Nous serions la risée de la planète entière. » Une déclaration d’une des parlementaires qui manifestaient ce dimanche à Manille aux côtés de victimes de la loi martiale, de membres de la société civile, de groupes religieux, d’artistes, d’étudiants. Un seul chant, un seul cri reproduit sur leurs banderoles : « Marcos n’est pas un héros. »
Le président Ferdinand Marcos, élu en 1965, a imposé la loi martiale en 1972 aux Philippines. Après des années de répression, de torture des opposants, d’exécutions extra-judiciaires, de détournements de fonds, il est renversé en 1986 par une révolte populaire et s’enfuit aux Etats-Unis. Son corps est rapatrié aux Philippines en 1992.
Aujourd’hui, le président Duterte veut le transférer au Cimetière des héros : « Je ne fais que suivre la loi : Marcos était un militaire et il était président », dit-il. La famille Marcos, qui n’a jamais renié l’héritage du dictateur, conserve une solide influence dans le pays. La veuve de Ferdinand entame son troisième mandat de sénatrice, sa fille a été réélue gouverneure...
Tous ont soutenu pendant sa campagne le président Duterte, dont le père a été membre du cabinet du dictateur, et qui a toujours présenté l'ancien dictateur comme le « meilleur président des Philippines ».
Le porte-parole de l'actuel président affirme déjà qu'il « ne changera pas d’avis ». « Récompenser le mensonge, la cupidité, les crimes contre l’humanité… Cela va donner un mauvais signal aux jeunes », se désolait ce dimanche un ancien parlementaire.