« Heureusement, je suis aujourd'hui en bonne santé. Cependant, quand je vois ma forme décliner progressivement, je m'inquiète de la difficulté à remplir mes fonctions en tant que symbole de l'Etat », a déclaré l'empereur dans une rare allocution télévisée, invoquant son âge et la nécessité d'être pleinement investi dans sa mission. Il dit exprimer ses pensées, étant dans l'impossibilité de « faire des commentaires spécifiques sur le système impérial ».
Le souverain n'a en conséquence pas prononcé le mot « abdication », car la Constitution l'en empêche. Un tel terme serait considéré comme un acte politique, ce que prohibe la charte fondamentale. En revanche, il a critiqué en creux un possible système de régence. « Je pense qu'il n'est pas possible de continuer à alléger continuellement les tâches de l'empereur », car cela reviendrait, selon lui, à laisser en place un empereur dont le rôle serait vidé de sa substance, ce qu'il semble vouloir éviter.
« Nous devons y réfléchir profondément »
Son fils a, depuis, bousculé avec finesse les traditions et ses propos de lundi pourraient être un nouveau pas dans ce que d'aucuns nomment « la modernisation » du régime impérial japonais. Le débat va s'ouvrir, si l'on en juge par le commentaire du Premier ministre Shinzo Abe qui a immédiatement déclaré: « nous recevons avec sérieux les mots de sa majesté l'empereur et nous devons y réfléchir profondément ».
Cette discussion risque de mettre aux prises les tenants d'une extension du système de régence existant, ce qui serait la solution la plus simple, face à ceux qui accepteraient d'aller plus loin, l'autorisation donnée au souverain d'abdiquer, passé un certain âge ou selon d'autres critères qu'il restera à définir.
Des fonctions lourdes
Bien qu'elles ne soient guère médiatisées, les fonctions de représentation de l'Etat accomplies par l'empereur sont lourdes, comme l'avait souligné en 2013 son fils cadet, Akishino. Il doit signer nombre de textes de loi, traités et autres documents transmis par le gouvernement (un millier l'an passé), assister à de nombreuses réceptions (270 en 2015), recevoir des représentants d'Etats étrangers, etc.
Un sondage de l'agence de presse Kyodo publié la semaine passée indiquait que 85% des Japonais seraient favorables à un allègement des tâches de l'empereur s'il en émettait le voeu.
(avec AFP)