Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
Si ça ne tenait qu’à lui, l’empereur Akihito, âgé de 82 ans, souffrant - il a subi une opération du cœur et de la prostate - annoncerait son abdication. Mais la Constitution ne le lui permet pas. Tout ce que peut faire l’empereur est d’exprimer le désir de laisser la place à son fils, le jour où il ne pourra plus assumer les devoirs liés à sa charge.
Mais ce désir doit être exprimé avec la plus grande délicatesse, car l’empereur, aux termes de la Constitution, n’est que le symbole de la nation et n’a pas le droit non plus d’intervenir dans la vie publique japonaise.
Ni la maison impériale, ni la droite conservatrice au pouvoir, à commencer par le Premier ministre Shinzo Abe, ne veulent d’une abdication. Bien que dans un Etat laïc, ils continuent de considérer l’empereur comme un être religieux, une sorte de pape japonais dans le shinto, la religion première des Japonais.
En évoquant la question d’une éventuelle abdication, l’empereur cherche à démocratiser l’institution impériale. Il doit se dire: si le pape Benoît XVI a pu démissionner, pourquoi pas lui.
« Evidemment, ça soulève un débat depuis plusieurs semaines », rappelle Valérie Niquet, de la Fondation pour la recherche stratégique. En effet, si l'empereur souhaite abdiquer, « il faudrait réviser la loi qui gère le fonctionnement du système de la famille impériale ». En cas de révision de la Constitution, d'autres questions pourraient se poser, notamment « la possibilité éventuellement pour une fille de devenir impératrice, ce qui avait été finalement repoussé par la naissance "bienvenue" d'un fils, enfin, chez le frère du prince héritier actuel », souligne la chercheuse.