Avec notre correspondant à New Delhi, Antoine Guinard
Cela faisait plus de dix ans qu'elle était hospitalisée et nourrie de force par voie nasale. Le visage affaibli d'Irom Sharmila Chanu, barré d'un tube éternellement rattaché à sa narine droite est devenu un symbole de la lutte contre l'AFSPA au Manipur au fil des années.
Cette loi draconienne, en place depuis 1958, autorise les forces armées indiennes, omniprésentes dans cet Etat en proie à une rébellion séparatiste, d'arrêter et parfois même d'abattre des civils en toute impunité. De nombreux défenseurs des droits de l'homme demandent sa révocation depuis des dizaines d'années, alors que les atrocités commises par les militaires indiens se sont multipliées.
Irom Sharmila a annoncé mardi qu'elle mettrait fin à son jeûne le 9 août prochain afin de se présenter aux élections au Manipur en tant que candidate indépendante. Une décision qui a surpris tout le monde en Inde, y compris sa famille et ses proches. Elle avait entamé sa grève de la faim à l'âge de 28 ans, en novembre 2000, après le massacre de dix civils par l'armée dans sa région natale. Irom Sharmila change aujourd'hui de stratégie face à l'immobilisme de New Delhi, mais poursuit plus que jamais son combat pour l'abolition de l'AFSPA.