Afghanistan: un ministre de la Défense et un chef du renseignement mis en place

Voilà des mois que le ministère afghan de la Défense n’a personne à sa tête. Les députés afghans ont approuvé lundi la nomination d’un nouveau ministre de la Défense.  Ils en ont profité pour nommer aussi un chef à la tête des services de renseignements, poste resté vacant pendant de long mois. Deux hommes qui pourront servir d’interlocuteur à Washington qui, voilà dix jours, a décidé de renforcer l’engagement américain contre les insurgés.

Les députés ont voté en faveur d'Abdullah Habibi, un ancien cadre du ministère, proposé par le président Ashraf Ghani pour devenir ministre de la Défense. Ils ont également voté en faveur de la nomination de Mohammad Masoom Stanekzai, ancien cadre de l'organisme gouvernemental chargé des négociations avec les talibans, en tant que chef du Directorat national de la Sécurité (NDS), le service du renseignement afghan.

Avec la mise en place de tous les responsables gouvernementaux chargés de la sécurité ont peut espérer un nouvel élan d’énergie aux forces de sécurité, estime un expert militaire afghan.

En Afghanistan, les insurgés ont enregistré d'importantes avancées ces derniers mois, soulevant des doutes sur la capacité des troupes afghanes à faire face sans le soutien des forces internationales, dont la mission de combat s'est achevée fin 2015.

« Ces derniers temps, les talibans n’ont cessé de prendre l’initiative sur le terrain partout en Afghanistan. Les relations entre l’Afghanistan et le Pakistan se sont également détériorées. Et on a assisté, il y a deux semaines, à des accrochages entre l’armée pakistanaise et l’armée afghane à la frontière où avaient rendez-vous un général afghan et un général pakistanais, ils ont été tués », précise Karim Pakzad, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS).

Face à l’impuissance du gouvernement afghan à endiguer la violence, Barack Obama, a décidé la semaine dernière de modifier la mission des soldats américains présents en Afghanistan. Le président américain a autorisé les forces américaines à s’attaquer plus directement aux talibans pour venir en aide de façon plus dynamique à l’armée afghane.

« Je pense que dans cette situation-là, le gouvernement afghan, et surtout le Parlement, ne peuvent pas ne pas céder à la pression américaine parce que depuis deux ans, c’est-à-dire depuis la formation du gouvernement d’union nationale, le ministère de la Défense reste vacant », ajoute le chercheur Karim Pakzad.

La nomination du ministre de la Défense ainsi que du chef des services du renseignement interviennent alors que le jour même au moins 23 personnes, dont 14 Népalais, ont perdu la vie lundi dans trois attentats successifs. Et alors que l’arme afghane est affaiblie par de nombreuses désertions dans ses rangs et un nombre record de morts et de blessés, plus de 5 000 membres des forces de sécurité afghanes ont été tués en 2015.

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