En Inde, la masse de déchets s'accélère à un rythme inquiétant. C’est le constat de la dernière étude de la confédération patronale ASSOCHAM publiée en juin. L'Inde jette déjà chaque année 93 millions de tonnes d'ordinateurs, téléphones, équipements électroniques ou encore médicaux. Cette organisation estime que la production de déchets électroniques devrait croitre de 30% par an à partir de 2020, soit deux fois plus rapidement qu'aujourd'hui.
La raison ? L'enrichissement de la population indienne, qui se traduit par une croissance du taux d'équipement. Le pays est déjà devenu le deuxième marché de smartphones avec 220 millions d'unités en circulation l'année dernière. Un chiffre qui devrait être multiplié par trois en trois ans.
Des structures insuffisantes pour recycler les produits
95% des produits électroniques sont recyclés par le secteur informel dans de très mauvaises conditions de sécurité. Les travailleurs brûlent en effet les cartes mères pour en retirer les quelques onces d'or qui s'y trouvent. Mais, ils respirent en même temps les vapeurs de plastique, de chromium, de plomb ou de zinc. Ils utilisent également des acides très dangereux pour dissoudre les composants. Pire : entre 400 000 et 500 000 enfants de moins de 15 ans travaillent à ces tâches dans ces bidonvilles, comme celui de Dharavi au centre de Bombay, la ville qui produit le plus de déchets électroniques du pays.
Conséquences : beaucoup de ces travailleurs souffrent de graves maladies respiratoires à partir de 35 ans. Ce manque d'infrastructures a également des conséquences environnementales puisque 40% du plomb et 70% des métaux lourds qui se trouvent dans les sols des décharges viennent des déchets électroniques, selon l'étude de l'ASSOCHAM.
Quelles solutions peuvent être apportées à ce grave problème ?
Depuis 2012, la loi oblige les producteurs de ces équipements à organiser leur collecte. Mais dans un pays aussi vaste que l'Inde, cela est très difficile à réaliser. Il n'y a qu'une poignée de centres officiels de recyclage.
De leurs côtés, les groupes environnementaux militent pour que ces marques se regroupent pour réaliser des collectes collectives, en suivant le modèle norvégien qui a très bien réussi. Dans ce pays, le gouvernement a obligé ces entreprises à payer des contributions, dont le prix dépendait du produit. Transposer cela en Inde sera un défi, mais cela devient urgent.