Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
En mai 2014, une centaine d’hommes armés, menés par deux militaires, avaient attaqué un groupe de villageois qui bloquaient l’entrée d’une mine d’or dans la province de Loei, dans le nord de la Thaïlande. Vingt-quatre villageois avaient été blessés. Ils dénonçaient la pollution causée par la mine, notamment la pollution des sources d’eau par les métaux lourds.
Deux ans après, un tribunal pénal a condamné les deux militaires à un et trois ans de prison. Il est très rare que des militaires d’active ou en retraite soient condamnés en Thaïlande pour les méfaits qu’ils commettent – extorsion, violence ou crime. Car les militaires thaïlandais ont coutume d’invoquer « l’honneur de l’uniforme » pour échapper aux tribunaux.
Cette décision de justice intervient quelques semaines après que la junte a suspendu la licence d’une autre mine d’or dans la même région. Des tests avaient montré qu’une forte proportion de villageois était contaminée par des métaux lourds. De leur côté, les directeurs de la mine niaient que cela avait un rapport quelconque avec l’exploitation aurifère.
Ces deux décisions coup sur coup pourraient indiquer que les autorités commencent, après deux ans au pouvoir, à prendre en compte les plaintes des villageois affectés par les projets miniers, et non plus seulement à protéger les exploitants des mines.