De notre correspondante à Shanghai,
L'éditorial de l’agence de presse Xinhua a été rédigé par un homme, un haut cadre militaire qui a l’habitude de prendre la plume. L’objectif de son article est d’analyser l’état psychologique de Tsai Ing Wen. D’après l’auteur, la nouvelle présidente serait « extrémiste » parce qu’elle n’est pas mariée. Explications : puisqu’elle est célibataire, Tsai Ing Wen n’a aucune contrainte familiale, elle n’a pas d’enfants dont elle peut s’occuper, elle ne ressent pas le poids de l’amour, et donc par conséquent sa politique est davantage guidée par ses émotions que par la raison. C’est un raisonnement un peu tiré par les cheveux qui a fait réagir en masse les internautes !
Les internautes choqués par ces attaques sexistes
Sur Weibo, le Twitter chinois, la grande majorité des internautes prend la défense de Tsai Ing Wen. « Honte à cet article » peut-on lire, ou encore « c’est la chose la plus bête et la plus insultante que je n’ai jamais lue ». L’un d’entre eux commente : « si Tsai Ing Wen était un homme, on ne dirait rien sur son célibat, c’est de la discrimination ! ». Même les pro-chinois s’en offusquent ! Ils affirment ne pas partager les idées de Tsai Ing Wen, mais « qu’elle soit mariée ou non n’a rien à voir disent-ils avec la politique ».
Un sexisme banal
En règle générale, la presse officielle chinoise se soucie peu de l’égalité des sexes. Le Quotidien du Peuple par exemple, un journal très proche du parti communiste a publié l’année dernière sur son site internet une galerie de portraits de femmes journalistes avec pour titre : « Elles sont belles et ont un cerveau » !
Autre exemple, en 2015 toujours, pour le passage à la nouvelle année, la télévision chinoise avait programmé une émission, regardée par 690 millions de personnes, dont une partie était consacrée à la diffusion de sketchs sexistes. Mais cela n’a pas plu aux téléspectateurs et ils l’ont fait savoir en postant là encore en masse des commentaires sur internet. Cela peut parfois faire bouger les choses. L’éditorial sur Tsai Ing Wen par exemple a été retiré du site internet Xinhua quelques heures après sa publication.