Avec notre correspondante à Manille, Marianne Dardard
Les Philippins ont voté en masse ce lundi et les tractations ont déjà commencé à propos du prochain gouvernement. Rodrigo Duterte, le très controversé maire de Davao, au sud de l'archipel, a été le premier à s'exprimer dans la soirée, lundi. Dans un discours, il s'est adressé aux autres candidats pour la présidence en les appelant « à être amis ».
Plus tard, longtemps en deuxième position dans les intentions de vote, la sénatrice Grace Poe a reconnu sa défaite et appelé Rodrigo Duterte pour le féliciter.
Egalement, un appel à respecter le processus démocratique de la part du candidat Jejomar Binay, l'ex-vice-président. Depuis le début de la campagne, certains craignent une poussée de violence en cas de contestation.
Ces propos contrastent avec une campagne électorale âprement disputée. Ces derniers jours, Rodrigo Duterte a été la principale cible des attaques. Ses adversaires l'ont accusé d'être un danger pour la démocratie.
De son côté, le candidat adoubé par le parti au pouvoir, le ministre de l'Intérieur Mar Roxas, a jugé ces résultats « décourageants ».
►[Reportage] Les escadrons de la mort de Davao : des meurtres passés sous silence
Un président aux méthodes expéditives
Il a promis de tuer des dizaines de milliers de criminels et compte mener ce projet à terme le plus rapidement possible. « Oubliez les lois sur les droits de l’homme », n’hésite pas à dire celui qui aurait fait tuer plus de 1 000 personnes, des criminels selon lui, en mettant en place des escadrons de la mort dans son fief de Davao. « Si je suis élu président, je ferai exactement ce que j’ai fait en tant que maire. Vous, les dealers, les braqueurs et les vauriens, vous feriez mieux de partir parce que je vais vous tuer. »
La sécurité, c’est l’un des deux thèmes de prédilection de cet avocat désormais président. Le second, c’est la pauvreté. Et là aussi, Rodrigo Duterte a pris des engagements pour que la croissance que connaît depuis quelques années les Philippines transforme enfin le quotidien d’une population dont un quart vit toujours en dessous du seuil de pauvreté.
La politique menée par le président sortant Benigno Aquino, saluée par la communauté internationale, ne l’est pas par ses compatriotes qui réclament un changement, même si celui-ci est risqué. C’est ce que laisse entendre les détracteurs de Rodrigo Duterte qui ont mis en garde les Philippins contre le risque de nouvelles phases de dictature et de turbulences. Des avertissements qui n'ont pas empêché les Philippins de voter massivement pour celui que l'on surnomme le « Trump philippin ».