Avec notre correspondant à Saïgon, Frédéric Noir
« Je suis Vietnamien et je choisis les poissons ». Ce slogan repris sur les réseaux sociaux est une réponse à la société taïwanaise Formosa. Le directeur des relations extérieures de ce groupe industriel a en effet déclaré cette semaine sur une télévision d’Etat vietnamienne : « Vous ne pouvez pas tout avoir. Vous devez choisir entre les poissons, les crevettes ou une aciérie ».
Si le groupe s’est depuis excusé pour ces propos, cette déclaration a provoqué la colère de nombreux Vietnamiens. Une colère alimentée par les nombreuses photos qui circulent sur Internet, avérées ou non, montrant des amas de poissons morts sur les plages, des canalisations déversant des produits chimiques dans l’océan et, fait plus rare dans ce pays communiste, des photos de manifestations sporadiques encadrées par la police dans le centre du pays.
Les conséquences écologiques, économiques et sanitaires s’annoncent très lourdes. Des centaines de personnes ont été intoxiquées en mangeant du poisson et de nombreux pêcheurs et fermes d’élevage, pour la plupart déjà endettés, risquent de se retrouver sans ressources.
Au Vietnam, les scandales écologiques sont souvent étouffés, alimentant un ressentiment de la population envers les autorités locales accusées de corruption. Mais l’ampleur de cette catastrophe a poussé le gouvernement à réagir. Le ministre vietnamien de l’Environnement a promis de faire rapidement la lumière sur les causes de la catastrophe.