De notre envoyée spéciale à Dandong, Heike Schmidt
Sur les rives du fleuve Yalu Jiang, deux mondes se toisent : d’un côté Dandong la Chinoise avec ses gratte-ciel futuristes, de l’autre Sinuiju la Nord-Coréenne, plongée dans l’obscurité chaque soir. A la tombée de la nuit, quelques camions passent encore sur le Pont de l’amitié.
L’embargo annoncé la veille par Pékin ne semble pas avoir changé grand-chose : les affaires continuent, confirme un homme de 83 ans qui vient tous les soirs se balader au bord du fleuve, côté chinois. « Maintenant, les produits de tous les jours passent encore sans problème. Des vêtements, des fruits, de l’alcool, des biscuits. Les gens là-bas, en Corée du Nord, ont quand même besoin de manger à leur faim! L’embargo annoncé par notre pays ne concerne que différents minerais et le kérosène pour avions. Bien évidemment que cela a énervé la Corée du Nord que la Chine ait rejoint les rangs de l’ONU. Mais nous faisons partie des cinq membres du Conseil de sécurité. Nous avons toujours espéré que la Corée du Nord ne développerait pas de programme nucléaire. Or, ils le font. Cela, nous ne pouvons pas l’accepter. Mais bon, en même temps, nous tenons à cette amitié. Si nous avons des relations amicales avec nos voisins, c’est bon pour la Chine. »
Cette amitié tient le régime de Pyongyang en vie : 70% du commerce extérieur de la Corée du Nord passe par ce pont de Dandong. C’est ici que les Chinois doivent décider s’ils veulent appliquer les sanctions onusiennes avec sérieux, ou pas.