La Thaïlande, un bon refuge pour les Pakistanais chrétiens persécutés?

L’attentat-suicide meurtrier du 27 mars dernier à Lahore, au Pakistan, pendant les fêtes de Pâques, a remis en lumière la situation des Pakistanais chrétiens. Beaucoup de ceux-ci sont persécutés à cause de leur religion et fuient le pays. Des milliers d’entre eux échouent en Thaïlande, où ils vivent clandestinement, sans visa, dans l'espoir d'obtenir l’asile politique au sein d'un pays tiers. Illustration dans la capitale.

De notre correspondant à Bangkok,

En Thaïlande, chaque réfugié pakistanais chrétien a son histoire personnelle. Mais les départs sont toujours liés à des persécutions religieuses. Certains disent avoir eu des membres de leur famille kidnappés par des musulmans et forcés de se convertir à l’islam. D’autres ont été accusés de blasphème par des groupes islamistes et menacés de mort. D’autres encore étaient harcelés par ces mêmes groupes.

Actuellement, environ 7 000 Pakistanais chrétiens vivent à Bangkok. Pourquoi la Thaïlande ? Tout simplement parce que le visa de touriste est facile à obtenir et que ce pays a la réputation d’être accueillant. La vaste majorité de ces Pakistanais chrétiens en Thaïlande sont dans l’illégalité, car le visa de trois mois avec lequel ils sont arrivés a expiré depuis longtemps.

Ils vivent dans des immeubles de la banlieue de Bangkok et évitent de trop sortir, de peur d’être arrêtés par la police. Quelque 250 d’entre eux, y compris des femmes et des enfants, sont détenus en prison pour immigration illégale. Il s’agit de la plus grosse communauté au sein du centre de détention de l’immigration. Pour ceux qui sont à l’extérieur, le problème est tout simplement de subvenir à leurs besoins. Car ils n’ont pas le droit de travailler.

La crainte d'un renvoi vers le Pakistan

Pratiquement tous ces Pakistanais chrétiens contactent le bureau du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) de Bangkok. Ils déposent une demande pour recevoir l’asile politique dans un pays tiers. Beaucoup reçoivent une lettre indiquant que leur dossier est en train d’être traité par le HCR. Cette lettre est censée les protéger contre les arrestations, mais dans les faits, elle n’a presque aucune efficacité.

Le problème principal, c'est qu’il n’y a qu’une dizaine de personnes au HCR pour traiter ces milliers de dossiers. Cela peut donc prendre jusqu’à quatre ans pour étudier un cas et trouver une solution. Pendant ce temps, ces Pakistanais tentent de survivre tant bien que mal. Ils reçoivent un soutien matériel de quelques organisations chrétiennes et de certaines églises, mais aussi de simples individus émus par leur cas.

La grande crainte, c'est d’être renvoyé de force au Pakistan. La Thaïlande n’a pas signé la Convention des Nations unies de 1951 relative au statut des réfugiés. Bangkok pourrait donc, en théorie, les expulser, notamment si les choses traînent trop. C’est d’ailleurs ce qu’elle a fait avec une centaine de Ouïghours chinois l’année dernière. Le risque est d’autant plus grand que la situation de ces Pakistanais chrétiens reste très peu connue en Thaïlande.

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