Avec notre correspondant à Islamabad, Michel Picard
Un dimanche comme les autres, à l’église Notre-Dame de Fatima. Aucune fouille au corps pour rejoindre la célébration : la dizaine d’agents de sécurité vérifie simplement, à l’entrée du parking, à l’aide de miroirs, qu’aucune bombe n'est cachée sous un véhicule.
A l’intérieur de cette église, située au cœur d’Islamabad : des dizaines de fidèles venus la peur au ventre étant donné le contexte. « En tant que communauté chrétienne au Pakistan, on ne se sent pas du tout en sécurité », confie une femme.
« En tant qu’étranger, je vis dans la peur, je ne me sens pas bien, confirme l'un des nombreux expatriés présents dans la foule. Je vis ici avec ma famille et je ne veux pas qu’il lui arrive quelque chose. Je ne suis pas à l’aise. Ce n’est pas une question de chrétiens et de musulmans, juste des gens mauvais qui cherchent à nous intimider. »
Le prêtre appelle àprier pour toutes les victimes de l’attentat de Lahore. Mais il le reconnait volontiers : aujourd’hui, il n’a d’autre choix que de s’en remettre aux autorités. « Les gens ont très peur. Nous sommes entre les mains du gouvernement. C’est lui qui doit nous protéger. Nous, on continue de prier, de travailler », explique-t-il.
De fait, la foi semble prendre le pas sur la peur et la résignation. Dans l'assistance, un homme s'épenche : « J’ai très peur, je ne vais plus sur les places publiques. Mais en fait, on n’a pas le choix. Si tu crois dans le Seigneur, tu dois être prêt à mourrir pour lui. Il n’y a pas d’alternative, c’est ainsi que l’on est chrétien. »