Avec notre envoyé spécial à Islamabad, Michel Picard
Les révélations concernent les deux fils et la fille du chef du gouvernement Nawaz Sharif. Ils sont à la tête de plusieurs compagnies offshore qui détiennent au moins six propriétés haut de gamme au cœur de Londres. Seule défense pour l’instant : l’un des fils affirme que ces opérations sont tout à fait légales.
Des proches du frère du Premier ministre, actuel ministre en chef de la province du Pendjab, figurent également dans les documents. Les ténors politiques du pays n’ont pas encore réagi, excepté Imran Khan. Le chef du Mouvement pour la justice, troisième force politique du pays, ardent militant anticorruption, appelle non seulement à la démission du Premier ministre mais demande des enquêtes approfondies.
Et la liste ne s’arrête pas là. Plus de 200 personnalités sont mises en cause. Benazir Bhutto, l’ancienne chef du gouvernement assassinée, voit son image posthume écornée. Elle a créé avec son assistant et son neveu une société offshore accusée, selon les documents, d’avoir versé deux millions de dollars au régime de Saddam Hussein pour obtenir des contrats pétroliers.
Deux sénateurs sont aussi accusés d’avoir caché des fonds, tout comme de nombreux hommes d’affaires, dont trois dirigeants de très grosses entreprises textiles et le propriétaire de Pizza Hut. Le pouvoir judiciaire n’est pas en reste, plusieurs avocats et juges étant cités.
Face à l’onde de choc déclenchée par ce scandale au plus haut de l’Etat, la classe dirigeante fait pour l’instant profil bas, dans un pays où seul 1 % des habitants paie des impôts et l’élite bénéficie de larges passe-droits.