Il s’agit surtout d’arrêter l’empilement des actions en justice. En octobre dernier, le gouverneur Takeshi Onaga, élu justement pour sa pugnacité à combattre le projet, avait annulé le permis de construire donné en 2013 par son prédécesseur. Une annulation elle-même ensuite suspendue par le gouvernement. On n’en sortait plus. Tokyo a donc finalement accepté la recommandation du tribunal local, qui a servi de médiateur, de suspendre les travaux et de discuter directement avec le gouverneur d’Okinawa.
Ce site de Henoko avait été retenu après dix-sept années de tergiversations, mais les habitants avaient immédiatement dit leur crainte que la nouvelle base ne soit fatale au récif de corail et à un mammifère marin rare qu’il abrite.
Plus largement, la population d’Okinawa ne veut pas que les Américains déménagent, mais qu’ils quittent carrément leur île, qui abrite la moitié des 47 000 soldats américains stationnés sur l’archipel. La base actuelle est située dans la ville de Ginowan, qui n’en peut plus des nuisances sonores, des risques d'accident et de l’insécurité liée à des affaires de viol.
La discussion directe s’annonce donc tendue entre Tokyo et la préfecture d’Okinawa. D’autant que lorsque le Premier ministre Shinzo Abe a annoncé sa décision de suspendre les travaux, il a aussi répété que relocaliser la base à Henoko restait la seule solution. Un commentaire immédiatement qualifié par le gouverneur Onaga de « très regrettable ». Ambiance.