Avec notre correspondant à Islamabad, Michel Picard
Anouar a 15 ans, il assiste à un office au cours duquel l’imam affirme que ceux qui aiment le Prophète doivent réciter leurs prières. Il demande à l’assemblée qui a cessé de faire ses prières. L’adolescent lève la main pour affirmer qu’il aime le Prophète. Incompréhension, l’imam l’accuse de blasphème.
Une accusation gravissime qui a valu à des dizaines de personnes d’être lynchées par la foule ces dernières années. Honteux, le jeune homme s’éclipse, rentre chez lui, tranche la main qu’il a levée, la dépose sur un plateau puis vient la présenter à l’imam dès la fin de la cérémonie.
Impossible de savoir si le geste est motivé par la foi ou la peur. Au Pakistan, le blasphème est un crime puni de la peine de mort, personne ne prend cette accusation à la légère.
Habituellement, les accusations visent les minorités : chrétiens, hindous ou ismaélites. L’an dernier, plusieurs ont été lynchés à mort par des foules en colère. Dix-sept condamnés pour blasphème sont actuellement dans le couloir de la mort. Un malentendu, une dispute de voisinage ou un différend foncier peuvent se terminer en accusation de blasphème, souvent sans réelles preuves.