De notre correspondante à Shanghai, Delphine Sureau
Ursula Gauthier a bouclé ses valises et un dernier article. Les déménageurs ont vidé son appartement. Et ce jeudi matin, elle est allée à la banque fermer son compte bancaire chinois. « C'est irréaliste, trop bizarre », commente la correspondante de L'Obs à Pékin depuis six ans. Ursula Gauthier parle couramment mandarin, et avait déjà vécu en Chine entre 1979 et 1989.
Pour se rendre à l'aéroport, la journaliste sera accompagnée de deux diplomates de l'ambassade de France à Pékin. Son avion décolle à une 1 h du matin le 1er janvier. Mais Ursula Gauthier a prévu de prendre le soin de passer l'immigration avant minuit, l'heure à laquelle son visa expire. Il n'y a pas d'expulsion manu militari, mais le refus des autorités de lui renouveler sa carte de presse en Chine conduit au même résultat.
Pour les médias chinois, contrôlés par Pékin, Ursula Gauthier restera celle qui soutient le terrorisme au Xinjiang, la province d'où sont originaires les Ouïghours, une ethnie musulmane et turcophone. C'est faux, répond la correspondante de L'Obs : « J'ai juste voulu expliquer les origines de la colère des Ouïghours », se défend-elle.