avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt
Phu Zheqiang n’a rien fait d’autre que donner son avis sur l’actualité chinoise. Sept brefs textes postés sur les réseaux sociaux lui valent une accusation pour « incitation à la haine ethnique » et « provocation de querelles et de troubles ». Sept textes qui ont un point commun : ils critiquent le pouvoir en place.
Dans l’un de ces commentaires, l’avocat s’en prend à la politique répressive contre les Ouighours, la communauté musulmane et turcophone du Xinjiang. Il y critique notamment l’interdiction du voile et accuse le régime de se comporter comme des « conquérants » pillant cette région autonome. Dans une autre note, Phu Zheqiang se demande pourquoi des portraits de Mao doivent être affichés dans des temples tibétains.
L’avocat dérange aussi lorsqu’il pose cette question provocatrice sur Sina Weibo, le twitter chinois : « Les choses iraient elles vraiment mal SANS le parti communiste ? », parti qu’il accuse par ailleurs de mentir. Dans un système où la liberté d’expression est systématiquement bafouée et où le parti unique est intouchable, le très charismatique Phu Zhe-quiang a peu de chances d’échapper à une lourde condamnation. L’éminent défenseur des droits de l’Homme risque huit ans de prison.