Avec notre correspondant à Rangoon, Rémy Favre
Pour le pouvoir birman, ces élections législatives étaient un test dans le processus de démocratisation. Au soir de cette journée de vote, les Birmans sont satisfaits d’avoir pu s’exprimer. Librement dans la majorité des cas.
Les Birmans ont voté dans le calme. La plupart des bureaux de vote ont été investis par une foule d’électeurs très tôt le matin. Alors qu’ils s’attendaient à devoir patienter des heures avant de pouvoir glisser leurs bulletins dans les urnes, l’attente n’a finalement pas été si longue, et beaucoup, à Rangoon, estimaient que l’élection était bien organisée.
« Je suis heureux de pouvoir vous annoncer que nos observateurs ont pu rentrer facilement dans les bureaux de vote, y compris au sein des casernes. C’était un sujet d’inquiétude pour nous, mais nos observateurs ont été les bienvenus et ils ont pu assister au vote des militaires », s’est réjoui Alexander Graf Lambsdorff, le chef de la mission d’observateurs européens. Les quelques erreurs de procédure observées vont faire l’objet d’une analyse pour déterminer si elles étaient locales ou systématiques. « La couverture des observateurs est conforme aux normes internationales », a ajouté Alexander Graf Lambsdorff, soulignant que le nombre d'observateurs présents dans le pays était suffisant pour avoir une idée générale des conditions dans lesquelles le scrutin s'était tenu.
La presse birmane ne rapporte aucune violence dans le pays pour le moment. Le président birman a dit à plusieurs reprises que le pouvoir respecterait les résultats. Même promesse du côté de l’armée, une institution très puissante en Birmanie, qui a gouverné pendant près de 50 ans.
A Rangoon, l’ambiance est donc à la fête. Des milliers de partisans de la Ligue nationale pour la démocratie, le parti d’Aung San Suu Kyi, se sont massés devant le siège de la formation politique dès la fermeture des bureaux de vote. Un peu comme s’ils célébraient la victoire alors que les résultats ne sont pas encore connus.
■ La Birmanie, un pays économiquement à la traîne mais à fort potentiel
En 2014-2015, la Birmanie a connu une croissance de plus de 8 %, ce qui la place au quatrième rang des pays affichant la plus forte croissance. Mais il ne faut pas s'y tromper : le pays, ruiné par 50 ans de dictature, dispose de l'un des revenus par habitant les plus faibles d'Asie du Sud-Est et plus d'un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Tout ou presque reste à faire. Tenu à l'écart du développement et soumise aux sanctions internationales, la Birmanie n'a quasiment pas d'infrastructures – routes, hôpitaux, électricité – et la population de 51,5 millions d'habitants est agricole à 70 %. Par ailleurs, l'économie, encore largement aux mains d'hommes d'affaires liés à l'ancien régime et de l'armée, est gangrénée par la corruption.
Toutefois, le pays a un fort potentiel de développement. Il est riche en pétrole, gaz, cuivre, bois précieux et en jade dont une partie importante fait l'objet de contrebande. Enfin, la Birmanie est confrontée au problème de l'opium dont elle est le deuxième producteur au monde derrière l’Afghanistan.