Conflit territorial sino-philippin: une cour internationale s'en mêle

Revers pour Pékin en mer de Chine du Sud, dont la République de Chine revendique la quasi totalité des territoires et a transformé certains de ses récifs coralliens en îles artificielles. La Cour permanente d'arbitrage (CPA) s'est déclarée compétente pour étudier un recours déposé par les Philippines contre la Chine, qui occupe notamment l'atoll de Scarborough, et dans les îles Spratleys, celui de Mischief, en phase de poldérisation.

Avec notre correspondante à Manille,  Marianne Dardard

Une première victoire face au géant chinois : voilà comment les Philippins accueillent l'annonce de la Cour permanente d'arbitrage (CPA) de La Haye, dont la décision finale est désormais attendue en début d'année prochaine. La Chine a déjà fait savoir qu'elle n'en tiendrait pas compte. A l'inverse, les Philippines en espèrent beaucoup, pour leurs propres intérêts militaires, mais aussi pour leurs pêcheurs. Beaucoup ont arrêté de naviguer dans la zone disputée, par crainte de nouvelles attaques de la part des Chinois.

Entre Pékin et Manille, il faut dire que le différend dure depuis des années (voir ci-dessous). Au total, six pays se disputent la mer de Chine méridionale (Chine, Vietnam, Philippines, Brunei, Malaisie, Taïwan). Mais pour l'heure, seul l'archipel des Philippines a saisi la justice internationale. Son président Benigno Aquino salue officiellement la nouvelle. Il dit également espérer une amélioration des relations bilatérales. Des propos tenus à vingt jours du sommet de l'Asia-Pacific Economic Cooperation (APEC), pour lequel son homologue chinois, Xi Jinping, doit encore confirmer sa venue. Un sommet qui se tient précisément à Manille.


■ Vingt ans de différent territorial sino-philippin

Le conflit opposant les Philippines à la Chine populaire en mer de Chine méridionale remette à la fin des années 1980, lorsque la Chine a opéré son grand retour dans les Spratleys, où Manille occupait déjà des îles, tout comme le Vietnam ou encore Taïwan. Le différent a pris un sourd tournant en 1995, lorsque les Philippins et leurs alliés américains ont réalisé que Pékin s'était emparé du récif de Mischief, à moins de 200 milles marins de la grande île philippine de Palawan. Vingt ans plus tard, les Philippines allaient ensuite lancer l'alerte sur de possibles opérations de poldérisation sur Mischief. Suspicions depuis lors confirmées par l'imagerie.

L'autre élément majeur du différent sino-philippin concerne un autre atoll corallien : Scarborough, plus au nord en mer de Chine méridionale. Au printemps 2012, des chalutiers chinois se sont mis à pêcher au large, créant un face-à-face tendu entre une frégate philippine et des patrouilleurs chinois, dont Pékin est finalement sorti gagnant. Depuis, le président philippin a plusieurs fois haussé le ton, et en 2013, Manille a lancé une procédure d'arbitrage devant le Tribunal international du droit de la mer (TIDU), instance créée dans le cadre de la Convention des Nations unies pour le droit de la mer (CNUDM, reconnue par les deux pays). Le problème, c'est que Pékin rejette toute médiation et tout arbitrage international en la matière, privilégiant les discussions bilatérales.

 

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