Avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt
« Le Royaume-Uni veut être le pays occidental le plus ouvert vis-à-vis de la Chine. C’est un choix visionnaire et stratégique », se félicite Xi Jinping dans une interview accordée à l’agence Reuters. Le président chinois y salue les investissements britanniques en Chine, qui ont fait un bond de 88 % l’année dernière. Aucun autre pays de l’UE ne fait mieux.
Pareil pour les investissements chinois : la Grande-Bretagne est la destination numéro 1 pour les entreprises chinoises. Deux secteurs sont en tête de liste : le nucléaire et les transports. Avec la France, l’Allemagne et le Japon, la Chine est en lice pour la construction d’une ligne ferroviaire à grande vitesse qui doit relier Londres à Manchester et Birmingham - un appel d’offres qui vaut 58 milliards d’euros.
L’heure est donc à la lune de miel entre la Grande-Bretagne et la Chine, dans une « nouvelle ère dorée » tant louée par les deux pays. Une nouvelle ère dans laquelle il ne reste guère de place pour parler des droits de l’Homme. Il y a trois ans, Pékin avait gelé ses relations avec Londres après une rencontre entre David Cameron et le dalaï-lama.
« Bien sûr, le Royaume-Uni adopte une attitude amicale pour des raisons pragmatiques », se réjouit le quotidien Global Times, « mais cela montre toutefois que la Chine est aujourd’hui irrésistible, car elle s’avère bénéfique pour ses partenaires ».
■ Le prince William appelle la Chine à boycotter l'ivoire
Cette visite d’Etat du président chinois est une belle occasion pour le prince William, très impliqué dans la lutte pour la défense des éléphants, de convaincre les Chinois de boycotter des produits d’ivoire venant d’Afrique. Ce dont ils raffolent.
Dans un message enregistré pour une émission populaire en Chine, le duc de Cambridge s’est adressé à des centaines de millions de téléspectateurs. Il leur a dit en chinois : « Merci, je suis content de vous rencontrer » (écouter ci-dessous).
Et de prier son public de ne plus acheter de l’ivoire : « Je suis absolument persuadé que la Chine peut devenir un leader mondial dans la protection de la vie sauvage. Ce serait une contribution historique, dont vos petits-enfants parleront avec fierté. »
En février dernier, à l’occasion d’une visite du prince William en Chine, Pékin a déjà imposé une interdiction d’un an à l’importation d’ivoire ouvragé. Mais rien n’y fait : les clients chinois sont toujours aussi avides de l’or blanc importé d’Afrique.
Ce trafic encourage pourtant le massacre des éléphants : « Pendant les 33 années qui se sont écoulées depuis ma naissance, nous avons perdu environ 70 % des effectifs d'éléphants d'Afrique. Sur ceux qui restent, 20 000 sont tués chaque année, soit 54 par jour. »
Au total, 60 à 90 % de l’ivoire qui quitte l’Afrique arrive en Chine où les bijoux et les sculptures blanc albâtre se vendent à prix d’or. Le prince William lance donc cet appel au boycott : « Seulement nous, les consommateurs, pouvons stopper les braconniers. A condition que nous n’achetions plus leurs produits. »