Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
Aux termes de sa Constitution, imposée par les Américains après sa défaite en 1945, le Japon renonce à jamais à la guerre pour résoudre des conflits. Pour les pacifistes japonais, l'envoi de troupes japonaises à l’étranger pour aider des alliés, à commencer par les Etats-Unis, est une trahison de la Constitution pacifiste. Ceux qui manifestent devant le Parlement depuis des semaines ont crié, en apprenant le résultat du scrutin. Pour eux, ces lois de guerre vont précipiter le Japon dans des conflits au bout du monde.
Pour pousser ses feux, le Premier ministre Shinzo Abe a usé d'un argument de poids : la Chine et ses ambitions régionales grandissantes, notamment sur fond d'augmentation à deux chiffres de son budget militaire tous les ans. Mais en ne cantonnant plus l’armée japonaise à la seule défense de l'archipel, le Premier ministre Shinzo Abe dit aussi que l'environnement sécuritaire du Japon a beaucoup changé. Il a néanmoins choisi de ne pas réviser sa Constitution pacifiste, car cela se serait avéré très long et très compliqué.
Le Japon ne veut plus être un protectorat des Etats-Unis
Pour amender l'article 9 de la Constitution japonaise, qui consacre la renonciation à la guerre, il faut un vote des deux tiers au moins des membres de chaque chambre du Parlement. Plus un référendum. Les voisins du Japon, qui ont des contentieux territoriaux avec la Chine, veulent voir le Japon assumer plus de responsabilités dans la sécurité de la région aux côtés des Etats-Unis.
Selon les sondages, 55 % des Japonais s'opposent à la participation du Japon à un système de défense collective. En même temps, ils votent pour le parti conservateur du Premier ministre Shinzo Abe. Ils tiennent à leur idéalisme pacifiste, mais ils sont aussi réalistes : la menace chinoise force le Japon à sortir de sa somnolence pacifiste. Le protecteur américain veut passer à un véritable partenariat en matière de défense avec le Japon. Rendre l'alliance égale. Le Japon, lui, ne veut plus être un protectorat des Etats-Unis. C'est ce qu'indique aujourd'hui le Premier ministre Shinzo Abe.