La Corée du Nord réactive son complexe nucléaire de Yongbyon

Pyongyang vient de confirmer ce 15 septembre, à quelques semaines du 70e anniversaire de son parti au pouvoir, que le grand complexe nucléaire de Yongbyon est de nouveau pleinement opérationnel. Cette annonce intervient au moment même où la communauté internationale s'inquiète du ton belliciste de la Corée du Nord qui se prépare à un nouveau lancement de fusée spatiale.

Dans une interview à l'agence officielle nord-coréenne KCNA ce 15 septembre, le directeur de l'Institut de l'énergie atomique de Corée du Nord a indiqué que toutes les installations du complexe nucléaire avaient « repris des opérations normales ». Et ce dernier d’ajouter que les scientifiques et techniciens nord-coréens avaient « constamment amélioré » les installations nucléaires du pays.

Le site de Yongbyon compte, notamment, un réacteur considéré comme la principale source de plutonium à usage militaire du régime, un réacteur de cinq mégawatts qui est, selon des experts, capable de produire environ six kilogrammes de plutonium par an, soit une quantité suffisante pour une bombe nucléaire. De quoi attiser la crainte de Séoul mais aussi de nombreux observateurs, que la Corée du Nord ne lance prochainement une nouvelle fusée, ce qui constituerait une violation des résolutions des Nations unies. D’autant que le directeur de l'Institut de l'énergie atomique de Corée du Nord n’a pas mâché ses mots, affirmant que « si les Etats-Unis et les autres forces hostiles continuent à mettre en œuvre leur politique hostile irresponsable, (la Corée du Nord, ndlr) se tient prête à riposter à n'importe quel moment avec l'arme nucléaire ».

En 2007, dans le cadre d'un accord échangeant désarmement contre aide, le réacteur de Yongbyon avait été fermé. Pourtant, en 2013, Pyongyang a commencé des travaux de rénovation après son dernier essai nucléaire en 2013, et récemment, des images satellites suggéraient que ce réacteur avait bel et bien repris des opérations de faible intensité, ou tout au moins intermittentes.

Un projet de tirs de fusée en vue

Pyongyang veut mettre en orbite un nouveau satellite géostationnaire, dont le développement serait presque terminé. Pour l’instant les experts américains de l'Université Johns Hopkins, qui surveillent de très près le pays, ne constatent aucun signe de lancement imminent. Mais ils confirment les progrès de la Corée du Nord. Le pas de tir de Sohae peut désormais accueillir des fusées de 50 mètres, une taille nettement supérieure à celle du lanceur UNHA-3, celui qui avait réussi à mettre en orbite le premier satellite nord-coréen fin 2012.

Le Conseil de sécurité de l'ONU interdit à Pyongyang ce type d'activité, qui s'assimile à celle du lancement de missiles balistiques. Les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont mis la Corée du Nord en garde contre une « grave provocation » qui entraînerait de nouvelles sanctions.

Il y a trois semaines pourtant Pyongyang et Séoul s'étaient assis autour de la même table pour désamorcer des tensions qui risquaient de dégénérer. Les deux capitales s'étaient notamment mises d'accord pour réunir fin octobre plusieurs familles séparées par la guerre, une initiative rare et très attendue par la population qui risquerait fort d'être annulée si un lancement avait lieu d'ici là. A surveiller, la date du 10 octobre. Ce jour-là Pyongyang célèbrera avec faste le 70e anniversaire du parti des travailleurs.

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