De notre envoyée spéciale à Katmandou,
A Katmandou, les destructions sont visibles, mais la capitale a plutôt été épargnée. Environ 1 700 maisons ont été détruites. Mais de nombreux immeubles tiennent à peine debout. Ils penchent dangereusement et peuvent s’écrouler à tout moment. Dans de nombreux parcs de la ville, des dizaines voire des centaines de tentes ont été plantées. Des milliers de personnes vivent ici depuis des mois et dépendent entièrement de l’aide humanitaire.
C’est dans les villages plus isolés dans les montagnes que les destructions sont très importantes. Dans un village visité hier à quelques dizaines de kilomètres de la capitale, perché haut dans les montagnes, la destruction est quasi-totale. 90 % des maisons ont été littéralement rasées. C’est là que les ONG essayent de concentrer leur aide et partout ailleurs où vivent les communautés vulnérables.
« Succès »
Les pertes humaines sont considérables et les destructions matérielles très importantes. Le Népal a insisté pour être l’hôte de cette conférence, même si l’Inde avait proposé d’accueillir les donateurs. Les autorités népalaises ont surtout voulu montrer que même dans des conditions catastrophiques comme celle-ci, elles sont capables d’organiser un tel événement et d’être à la hauteur. Pendant la conférence de presse ce jeudi après-midi, le mot « succès » est revenu à plusieurs reprises. Soixante pays et représentants de différentes institutions sont venus à la conférence.
Si les promesses de dons n’atteignent pas les sommes espérées par les autorités népalaises, les sommes annoncées sont très importantes. Les plus gros contributeurs sont la Chine et l’Inde qui ont promis environ 3 milliards de dollars. Au total, les donateurs ont promis 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros). Cela représente un peu plus de la moitié de la somme demandée par le Népal pour couvrir les efforts de reconstruction. Un rapport du gouvernement népalais indique que les pertes s’élèvent à près de 7 milliards de dollars.
La Commission européenne a annoncé une aide de 100 millions d’euros. Cette somme s’inscrit dans un programme de coopération de 2014 à 2020 qui atteindra la somme de 360 millions d’euros. « L’aide que nous attribuons au Népal n’a rien d’extraordinaire. Nous procédons exactement de la même manière lorsqu’il s’agit d’autres pays. Les règles sont les mêmes[...]Par conséquent, les critères sont de respecter les objectifs macro-économiques, la capacité de gouvernance, le financement public. Nous nous attachons particulièrement au respect de la transparence lorsqu’il s’agit de la distribution de l’aide financière. Mais aussi nous souhaitons que notre soutien financier s’inscrive dans un partenariat plus large , ans le but de renforcer le processus démocratique au Népal. Cela inclut le respect des droits de l’homme, la non-discrimination et bien sûr la transparence des fonds alloués pour la reconstruction ou le développement en général», explique le commissaire européen en charge de la coopération internationale et du développement, Neven Mimica.
Les deux tiers des destructions concernent le secteur privé et le tiers restant le secteur public. Cette somme est nécessaire pour rebâtir des maisons plus solides, pour assister les personnes en nourriture et logements provisoires le temps de la reconstruction, et pour relancer le tourisme, à l’arrêt depuis le séisme. Mais ces sommes ne sont pas uniquement des dons. Sur le milliard de dollars promis par l’Inde, seul un quart sont des dons, le reste est en réalité un crédit.
Un gouvernement plein de bonnes intentions
L’un des plus grands défis à présent pour le pouvoir au Népal est la transparence dans l’attribution de ces fonds. Lors des discussions bilatérales en marge du sommet, tous les pays donateurs ont voulu s’assurer que l’argent sera utilisé là où il est le plus nécessaire. Les donations seront donc strictement encadrées, pour éviter la corruption. Lors de la conférence de presse, le ministre des Finances et le chef de la diplomatie népalaise ont sans cesse répété que cette conférence était l’occasion de partir sur de nouvelles bases. Et surtout rassurer les généreux donateurs que l’aide sera utilisée pour rebâtir.
Le pouvoir népalais a montré beaucoup de bonne intention. Il a parlé de démocratie, d’unité, de transparence, a promis que les commissions chargées de décider sur la distribution de l’aide seront apolitiques. Beaucoup de promesses donc. Reste à savoir si elles seront suivies d’effet. On le verra dans quelques années.