Tiananmen 1989, Hong Kong 2015: une commémoration particulière

À Hong Kong, le 4 juin est chaque année l’occasion de commémorer la répression sanglante de la place Tiananmen en 1989. Le souvenir des morts de la répression est entretenu et on mène le combat pour la démocratie en Chine. Ce soir à nouveau, une grande veillée est prévue, mais l’ambiance a changé. On entend des voix dissidentes : une partie de la jeunesse de Hong Kong pense que Hong Kong devrait se battre pour sa démocratie avant de s’inquiéter de celle de la Chine.

De notre correspondante à Hong Kong,

A Hong Kong, on arrive à la fin d’une étape qui a commencé le 31 août dernier quand Pékin a rendu sa décision sur la façon dont les Hongkongais allaient élire leur chef de l’exécutif à partir de 2017. Pékin proposait, comme promis par la Constitution, le suffrage universel. A cet égard, c'est un pas en avant : un homme, une voix. En revanche les candidats doivent être validés par un comité électoral et, dans les faits, ce sera donc impossible pour un candidat d’opposition de n’être même que candidat, sans parler de se faire élire. Il y a eu ensuite trois mois d’occupation de certaines rues de la ville mais aucune concession de Pékin, ni du gouvernement de Hong Kong.

Un contexte hongkongais tendu

Le 17 juin, le Parlement doit voter cette réforme. Il faut une majorité de deux tiers pour qu’elle soit adoptée. Pour le moment, les 27 députés du camp pro-démocratie ont annoncé qu’ils voteraient contre. Si c’est le cas, la réforme ne sera pas adoptée. Le chef de l’exécutif, le très impopulaire C.Y. Leung, s’est dit confiant sur le fait qu'elle passerait.

Dimanche dernier s'est tenue une rencontre de la dernière chance avec trois délégués de Chine continentale pour convaincre les députés de voter en faveur de cette réforme, mais personne n’a changé d’avis. Carrie Lam, secrétaire en chef du gouvernement, a annoncé qu’elle allait à nouveau s’entretenir avec chacun des partis d’opposition individuellement et qu’elle continuait d’espérer faire passer la réforme. Il suffit de trois ou quatre défections dans le camp pro-démocrate pour que la réforme passe. La Chine et le gouvernement semblent extrêmement déterminés à les obtenir.

Démocratie en Chine, démocratie à Hong Kong, même combat ?

La veillée de ce soir commémore le massacre des étudiants sur la place Tiananmen à Pékin, en 1989. Mais y a-t-il un rapport avec la question des réformes démocratiques à Hong Kong ? Dans les deux cas, il s'agit de combats pour la démocratie. Mais Tiananmen, c’était la démocratie en Chine. Et la réforme concerne la démocratie à Hong Kong. Or on observe cette année une forme de désolidarisation entre les deux combats. Une partie de la jeunesse de Hong Kong estime que cela ne sert pas à grand chose de se battre pour la Chine quand on n’est pas capable d’obtenir ce à quoi elle estime avoir droit pour Hong Kong. Du coup ce soir, il y aura deux événements distincts. La traditionnelle veillée au parc Victoria où des dizaines de milliers de personnes, parfois plus, viennent chaque année et un rassemblement étudiant à l’université de Hong Kong. 

Partager :