Visite de Narendra Modi en Chine pour un rapprochement économique

Une rencontre au sommet a lieu ce jeudi 14 mai entre l’Inde et la Chine. Le Premier ministre indien Narendra Modi effectue sa première visite en Chine, pays avec lequel l’Inde a toujours entretenu des relations tendues à cause de plusieurs différends frontaliers. Mais aujourd’hui, les deux puissances asiatiques veulent apaiser leurs relations au profit d’une meilleure coopération économique.

Avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt

Sur son nouveau compte Sina Weibo - le twitter chinois - le Premier ministre indien a déjà lancé son opération de charme. Il a ainsi déclaré que sa visite renforcera la stabilité, le développement et la prospérité en Asie. Narendra Modi a bien raison de se présenter comme l'ami de la Chine, estime l’ex-ambassadeur indien T.C.A. Rangachari.

« Cette visite doit être couronnée de succès. La Chine offre un énorme potentiel à l’Inde – mais le problème est que la Chine n’a pas encore ouvert son marché à notre technologie informatique, nos services ou encore nos produits pharmaceutiques. Des petites avancées ont été accomplies dans la production cinématographique, mais nous avons besoin d’augmenter nos exportations d’une façon significative », analyse le diplomate.

La Chine est aujourd’hui le plus important partenaire économique de l’Inde, mais les échanges sont loin d’être équilibrés, avec un déficit commercial de 40 milliards de dollars pour l’Inde. « Nos différences, y compris nos conflits frontaliers : rien ne doit être fait pour créer des problèmes. Nous devons améliorer la confiance entre nous et il reste encore du chemin à parcourir », souligne T.C.A. Rangachari.

Signe de bonne volonté côté chinois : le président Xi Jinping accueillera le Premier ministre indien dans sa province natale du Shaanxi - tout comme l’a fait Narendra Modi en septembre dernier en recevant son hôte chinois chez lui.


Les enjeux de cette visite, vu d’Inde

Avec notre correspondant à New DelhiSébastien Farcis

La Chine détient d'énormes réserves de devises étrangères, placées jusqu'à présent dans le Trésor américain. Mais Pékin souhaite de meilleurs rendements. Or l'une de ses spécialités est la construction d'infrastructures urbaines, comme les trains ou les routes. Des domaines que l'Inde doit absolument améliorer pour absorber l'énorme exode rural à venir, qui devrait amener 250 millions de personne en ville d'ici à 2050.

Pour Akshay Mathur, spécialiste de l'économie indienne au centre Gateway House, à Bombay, cette rencontre arrive donc à un moment très opportun. « Les investissements dans ce qu'on appelle les 'villes intelligentes' devraient intéresser la Chine, explique Akshay Mathur. Pour installer des systèmes de retraitement de déchets, par exemple, les Chinois ont une certaine expertise dans le domaine et peuvent le faire pour moins cher que les Européens, et proposer de convertir ces déchets en énergie. Ils peuvent également équiper l'Inde en panneaux solaires sur les toits, qui sont encore très chers ».

Le Premier ministre indien va également chercher à lever les restrictions chinoises à l'importation de médicaments et aux services de nouvelles technologies. Deux secteurs dans lesquels l'Inde détient un vrai avantage comparatif.

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