Avec notre correspondant à Port-Vila, Alexis Bédu
Armés de machettes, de haches et de tronçonneuses, les jeunes du quartier de Freshwater s’activent dans le jardin de Louisette. Avec le passage de Pam, cette Vanuataise de 62 ans a perdu une partie de sa maison et toutes ses plantations : « J’avais cet arbre à pain qui était chargé. Ça, c’est une noix qui s’appelle navele, l’arbre était chargé aussi et j’avais sept régimes de bananes. Tous les arbres sont détruits. J’avais des maniocs, du tarot.... Les jeunes viennent de me construire cette petite cuisine, mais une branche est tombée et me l’a écrasée. »
A Port-Vila, 75 % des ménages consomment leur propre production. Alors une fois le défrichage terminé, il va falloir replanter pour récolter le plus vite possible. « On estime que courant de la semaine prochaine, il n’y aura plus rien, rapporte François Japiot, conseiller auprès du ministre de l’Agriculture vanuatais. Les gens vont pouvoir encore prendre un peu de manioc, prendre un peu de bananes, mais après c’est fini. Il faut que les gens pendant ce temps-là se remettent au jardin pour ce qui va pousser très vite, notamment les choux kanak, les patates douces ». Depuis plusieurs jours, des semences de maïs, de citrouille ou encore de pastèque sont envoyées par l’aide internationale.
Le savoir-faire traditionnel a sauvé les habitants
Le bilan humain reste très imprécis après le passage du cyclone. De nombreux officiels et ONG sur place s’accordent à dire que le nombre de morts est moins important qu’imaginé au début. Les savoir-faire traditionnels ancestraux auraient en effet sauvé un bon nombre d’habitants des villages isolés. Les nakamals, ces grandes cases communautaires traditionnellement prévues pour boire le kava, une préparation à base de racine au goût puissant, servent aussi d’abri lors des cyclones.
Sylvain Todman, ingénieur géophysicien à la direction de la météorologie du gouvernement du Vanuatu explique de l’architecture spécifique du nakamal ce sont de gros poteaux enfoncés dans le sol, une toiture très basse qui ne donne pas beaucoup de prise au vent, et des murs bas. « Quand le vent souffle fort, les jeunes se pendent aux armatures du toit et les femmes et les enfants se mettent dos contre le mur pour retenir le nakamal. Ils ont un savoir traditionnel et on doit travailler avec ce savoir traditionnel. »