Disparition de Lee Kuan Yew, le père fondateur de Singapour

C’est une grande personnalité politique de Singapour qui vient de s’éteindre, ce dimanche 22 mars, à l’âge de 91 ans. Lee Kuan Yew a occupé le poste de Premier ministre de l’Etat insulaire entre 1959 et 1990. Durant ces trois décennies, l’homme a profondément marqué l’histoire de son pays en ancrant Singapour sur la carte du monde. Lee Kuan Yew, un destin hors du commun.

Singapour est en deuil ce dimanche. Avec la mort de Lee Kuan Yew, une page d’histoire se tourne. Car le visage de la ville-Etat que l’on connaît aujourd’hui est en grande partie son œuvre. Lee Kuan Yew, l’architecte et le visionnaire, est considéré comme l’une des figures centrales de l’histoire moderne de l’Asie du sud-est.

Lee Kuan Yew, au nom prédestiné, qui signifie « lumière qui brille loin », est né en 1923 dans une riche famille chinoise établie à Singapour depuis trois générations. Après de brillantes études de droit à Cambridge, il rentre à Singapour et s’engage en faveur de l’autonomie de l’île alors colonie britannique et première base navale de la Couronne en Extrême-Orient.

Lee fonde en 1954 le PAP (Parti de l’action du peuple). Ce n’est que cinq ans plus tard qu’il remporte les élections législatives, au terme d’une campagne centrée sur l’anticolonialisme et l’anticommunisme. 1959 est marquée par le début de l’incroyable transformation de Singapour, c’est l’année où l’île s’est affranchie de la tutelle britannique. Lee supprime alors les bidonvilles, construit de nouveaux logements sociaux, s’engage pour l’émancipation des femmes, améliore l’éducation et industrialise le pays. En 1965, Singapour devient un Etat souverain, suite à sa séparation de la Malaisie. A la fin des années 1960 et durant vingt ans, le PAP ne cessera de dominer la scène politique nationale. Lee dirigera les affaires pendant trois décennies.

Ce n’est qu’en 2011 qu’il prend sa retraite. Il quitte alors poste de « ministre honorifique » au sein du gouvernement dirigé par son fils aîné, Lee Hsien Loon, au pouvoir depuis 2004.

Singapour : un modèle de réussite

L’ancien Premier ministre a connu le choc de la guerre, les années cruelles de l’occupation japonaise, l’insurrection communiste, le terrorisme contre les Britanniques, les émeutes communautaires. Ces événements ont forgé en lui une résistance et une détermination sans borne. « Construire une nation, à partir de rien », ce sont les propres mots de Lee Kuan Yew.

En trois décennies, ce pays sous-développé sans terres agricoles, sans ressources naturelles, ni armée, s’est hissé au 9e rang mondial du PIB par habitant. Un modèle de réussite acclamé par de nombreux chefs d’états qui ne tarissent pas d’éloges à l’égard de Lee, l’un des « tigres asiatiques » dont l’ascension politique et économique s’étend au-delà de sa région.

La grande majorité des Singapouriens ressentent un profond respect pour leur ancien Premier ministre, l’homme qui contribué au formidable développement économique et technologique du pays et à faire de Singapour l’une des nations les plus prospères et développées d’Asie. Mais de nombreuses voix dénoncent son autoritarisme. Le Singapour libéral et capitaliste s’est construit au prix d’une répression sans merci à l’égard de toutes formes de contestation.

Les opposants politiques, les journaux exprimant des critiques défavorables à l’encontre de Lee ont été poursuivis, muselés, intimidés sans ménagement. Rien ne pouvait arrêter Lee Kuan Yew qui dirigeait le pays d’une main de fer. Aujourd’hui, c’est son fils aîné qui a pris la relève. Lee Ksien Loon dirige Singapour depuis 2004.

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