Japon: commémorations, 20 ans après l'attaque au gaz sarin à Tokyo

Il y a vingt ans jour pour jour, plusieurs membres de la secte Aum Vérité Suprême, créée par le gourou Shoko Asahara, répandaient du gaz sarin dans le métro de Tokyo. Le bilan de cet attentat inédit a été un énorme choc pour la société nippone : 13 morts et plus de 6 000 personnes intoxiquées. Depuis, la menace terroriste est devenue une préoccupation majeure des Japonais.

Avec notre correspondant à TokyoFrédéric Charles

Des commémorations se sont tenues ce vendredi 20 mars à la station Kasumigaseki, centre névralgique du gouvernement japonais, au moment où s'était produite l'attaque il y a vingt ans. Pour les Japonais, l’émotion causée par cette attaque au gaz sarin dans le métro de Tokyo a été aussi considérable que les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

C'était la première fois qu'une secte, Aum, cédait à une dérive terroriste et utilisait l’arme chimique dans les transports en commun d’une mégalopole : Tokyo. Aum entretenait des rapports étroits avec la Russie de Boris Eltsine, où la secte comptait 20 000 fidèles. Aum avait importé de Russie des armes, un hélicoptère, plusieurs centaines de tonnes de produits chimiques.

Son gourou, Shoko Asahara, un maître de yoga d’origine coréenne, était proche de la Corée du Nord. Il avait réussi à attirer jusqu'à 10 000 fidèles. Aum a fait perdre à la société japonaise son innocence, elle pensait que sa sécurité était assurée. Les Japonais ont rejeté les enfants perdus de Aum, comme si leur folie ne les concernait pas.

Aujourd’hui, les familles des victimes de l’attaque au sarin demandent à ce que la douzaine de dirigeants de Aum, condamnés à mort, soit exécutée. Le souvenir est d'autant plus vif que se tient actuellement le procès du dernier suspect à avoir été arrêté, en juin 2012. 

Selon les autorités judiciaires, Aum a commis cet attentat pour créer une situation de désordre visant à perturber les efforts de la police qui enquêtait sur ses pratiques, et dans le but ultime de concrétiser les prédictions apocalyptiques d'Asahara.

Malgré les témoignages et les livres, les évènements de 1995 restent en partie inexpliqués. Le Japon n’a retenu aucune leçon de cette attaque au sarin. Il est aujourd'hui rattrapé par le terrorisme au Moyen-Orient où plusieurs Japonais ont été tués récemment.

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