Avec notre correspondant à Rangoon, Rémy Fabre
Les conditions de sa mort ne sont pas encore clairement établies, mais les collègues de Aung Kyaw Naing s’inquiètent du climat de tension qui règne dans le pays à un an des élections. Ruban noir accroché à la chemise, ils demandent la vérité.
Une enquête indépendante, car pour le moment, les circonstances du décès du journaliste Aung Kyaw Naing restent floues. L’armée affirme l’avoir abattu alors qu’il tentait de s’évader après son arrestation. Mais on ne sait ni où il a tué, ni quand.
Phyo Phyo Aung ne croit pas en la version donnée par l’armée. « Sa femme a essayé de suivre l’affaire, elle s’est rendue sur place et elle a eu des nouvelles de son mari. Un homme qui a vu son mari a dit qu’il avait de nombreuses blessures à cause, peut-être, de mauvais traitements des militaires. »
Aung Kyaw Naing avait été arrêté à son retour de reportage dans une zone contrôlée par une armée rebelle au sud-est de la Birmanie. Khin Lay s’attend à ce que l’armée ne communique pas davantage sur cette affaire : « L’armée n’écoute jamais la voix du peuple, c’est son habitude, ils [les militaires] ne sont intéressés que par leur survie. »
A un an des élections législatives, de plus en plus de journalistes sont menacés, arrêtés et condamnés à de lourdes peines de prison en Birmanie. Cela alimente la méfiance envers le gouvernement civil qui a pourtant entrepris de vastes réformes pro-démocratiques ces trois dernières années.