Indonésie: les élections locales se feront au suffrage indirect

Les Indonésiens n’éliront plus leurs représentants locaux au suffrage universel. Après plus de 10 heures de débat houleux, l’Assemblée nationale a voté vendredi, à l’aube, une loi qui met fin à l’élection directe des maires et des gouverneurs de provinces et de districts. Des troubles ont éclaté devant le Parlement et le nouveau président élu, Joko Widodo, a dénoncé le texte comme une régression de la démocratie. Le vote de l’Assemblée, où il n’a pas la majorité, apparait de mauvais augure à quelques semaines de sa prise de fonction, le 20 octobre prochain.

C’est une revanche pour le général Prawobo et pour la coalition parlementaire qui l’avait soutenu dans la course présidentielle contre Jokowi, candidat du renouveau de la classe politique.

Le suffrage universel aux scrutins locaux avait été introduit en 2005 dans le cadre de la transition démocratique de l’Indonésie après la dictature de Suharto. Il a permis l’émergence de nouvelles figures politiques, dont le président élu est le parfait exemple : issu d’un milieu modeste, Joko Widodo a commencé cette année-là son ascension politique en devenant maire de sa ville natale, puis gouverneur de Jakarta quelques années plus tard.

La Cour constitutionnelle sera saisie

Les maires et les gouverneurs seront donc à nouveau élus par des assemblées locales, ce qui fait craindre aux analystes une aggravation de la corruption, déjà endémique dans le pays.

Et la bourse était à la baisse ce vendredi. Les opérateurs craignent que les réformes cruciales pour la relance de la principale économie d’Asie du Sud-Est ne fassent les frais d’un blocage entre le président et une majorité parlementaire soucieuse de préserver les intérêts de l’élite traditionnelle.

Mais tout n’est pas joué, certains élus locaux ont décidé d’en appeler à la Cour constitutionnelle, c’est elle qui aura le dernier mot.

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