Avec notre correspondant régional à Islamabad, Joël Bronner
Avant tout, le duo Ashraf Ghani-Abdullah Abdullah va devoir inventer un équilibre pour gouverner ensemble. Selon la Constitution, c’est le président, Ashraf Ghani donc, qui dispose de l’essentiel du pouvoir. Le rôle exact de « Premier ministre exécutif », qui pourrait être occupé par Abdullah Abdullah, reste lui largement à définir. Le partage du pouvoir s’annonce donc délicat, les deux hommes ayant déjà mis plusieurs mois à négocier le compromis actuel.
Leur défi majeur sera ensuite de répondre à l’insécurité qui gangrène un pays où le conflit armé avec les talibans n’est pas terminé et alors que les derniers militaires de l’Otan doivent eux se retirer d’ici la fin de l’année. C’est pourquoi Ashraf Ghani devrait, comme il s’y est engagé, signer rapidement un accord avec Washington pour le maintien d’environ 10 000 militaires en Afghanistan jusqu’en 2016.
Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah héritent enfin d’une économie exsangue, sous perfusion d’une aide internationale qui tend, en plus, à diminuer. Pour solder les années Karzaï, ils devront notamment s’attaquer à la corruption généralisée, qui contamine jusqu’au sommet de l’État. Une condition essentielle pour redonner un peu de crédibilité au pouvoir central de Kaboul aux yeux des citoyens afghans.