Pratiquement une fille sur deux en Asie du Sud se marie avant 18 ans, selon un rapport de l'Unicef publié vendredi qui met au jour des « inégalités criantes ». Et une fille sur cinq est mariée avant 15 ans dans la région, soit le taux de mariage d'enfants le plus élevé du monde.
Par ailleurs, l'Unicef relève que près de 40 % des enfants de moins de cinq ans en Asie du Sud souffrent de malnutrition chronique. Pour Jean-Joseph Boillot, chercheur spécialiste de l'Inde au CEPII, le problème vient de la distribution : « C’est une constante, que l’on soit musulman ou indou : il y a des greniers pleins dans la région mais le mode de distribution est extrêmement inégal selon les castes, parce qu’il y des castes qu’on le veuille ou non au Bangladesh mais aussi au Pakistan. »
« On a une société à deux vitesses [non pas] entre les riches et les pauvres simplement mais [...] beaucoup plus entre les femmes et les enfants d’un côté et les hommes et les adultes de l’autre » poursuit Jean-Joseph Boillot.
Un fort taux de mortalité maternelle
La corrélation entre cette malnutrition et les mariages précoces est particulièrement dramatique pour les femmes. « A partir de cette malnutrition s’enclenche un système où l’espérance de vie est très faible. Les femmes sont mariées très tôt, c’est plutôt dans ce sens là qu’il faut voir les choses : les femmes ont une espérance de vie qui est très faible » ce qui entraîne de réels problèmes d’insertion professionnelle et une mortalité infantile élevée.
L’Asie du sud, dit l’Unicef, continue d’être une des régions les plus risquées au monde pour tomber enceinte ou donner naissance. Ce rapport relève aussi que plus d'un million de nouveaux-nés de moins de 28 jours décèdent chaque année dans la région, souvent en raison d'un défaut de prise en charge adéquate. C'est la région avec le deuxième plus fort taux de mortalité maternelle dans le monde.
Les efforts des associations sur le terrain n’ont donc pas fourni suffisamment d'effets. « Très peu, on a une sorte de cercle vicieux, d’un côté avec la croissance pourtant rapide, même au Bangladesh. [Mais] Les fruits de la distribution des ressources sont concentrés plutôt dans les villes et les campagnes sont vraiment délaissées. Cela conduit à un taux de pauvreté moyen dans la région qui est plus de 50 % » conclut Jean-Joseph Boillot.