Avec notre correspondant à New Delhi, Sébastien Farcis
Au centre de cette campagne récemment lancée par l'Unicef, ce clip en images virtuelles, déluré, et très explicite.Un homme se réveille et c'est alors un cauchemar qui commence. Il sort et devant sa porte, c'est une énorme crotte, The Poo en anglais, qui l'attend, et partout où il ira, depuis la rue, des monuments jusqu'aux transports publics, c'est une colonie de gros excréments qui envahit l'espace. Et répand ses odeurs.
Les habitants, agressés, vont finalement se mobiliser, et organiser une énorme fête, la Poo Party, pour envoyer toutes ces crottes aux toilettes. Le message est passé dans un feu d'artifice en couleur. Un message attrayant pour un sujet qui l'est beaucoup moins.
Près d'une école sur sept n'a pas de toilettes
C'est évident : le défi de santé publique est énorme. Plus de la moitié de la population indienne n'a pas de toilettes et fait ses besoins dans la nature, ce qui entraîne des constipations, mais contamine aussi les eaux, et augmente les risques d'infections et de diarrhées. Les enfants sont particulièrement vulnérables à ces soucis de santé. Et près d'une école sur sept n'a pas de toilettes, ce qui en pousse beaucoup à tout simplement arrêter d'y aller.
Ces problèmes sont anciens, en Inde, et connus de la plupart. Mais ce qu'essaie de faire l'Unicef à travers cette campagne sur internet, c'est de mobiliser les jeunes et les personnes éduquées autour de ce thème tabou, dont personne ne veut parler. Mobiliser ceux qui vivent dans les villes, ont des toilettes et restent donc souvent passifs.
Ces internautes servent d'abord de relais à l'information, à travers les réseaux sociaux. Cette vidéo amusante a par exemple été vue plus d'un million de fois. Plus de 115 000 personnes ont également signé une pétition en ligne demandant au président de l'Inde d'agir contre ce fléau. Enfin, une application pour smartphones vient d'être lancée et permet à ses utilisateurs d'identifier chaque lieu en Inde où une personne voit des habitants faire leurs « commissions » en plein air, afin de dresser une carte précise des besoins en toilettes.