Thaïlande: le business de la gestation pour autrui dévoilé

Dans le scandale des mères-porteuses en Thaïlande, une nouvelle affaire relance la polémique. Cette-fois ci il s'agirait d'une « usine à bébés ». On soupçonne un riche héritier japonais d'avoir eu des enfants avec au moins dix mères-porteuses.

Début août, la police thaïlandaise découvre à Bangkok un appartement où vit un groupe un peu particulier : neuf femmes avec neuf bébés présumés nés de mères porteuses et une dixième femme enceinte. L'affaire n'est pas sans rappeler un récent scandale : un couple australien avait été accusé d'avoir abandonné son bébé trisomique à sa mère porteuse thaïlandaise. Cette fois-ci, c'est un projet d'enfantements en série qui semble en jeu.

Selon les dernières informations, l'homme au cœur du trafic a eu au moins 15 bébés. Une organisation locale de mères porteuses estime même qu'il avait le projet de donner naissance à 1 000 enfants. L'identité de ce père ambitieux passionne les Asiatiques. La presse japonaise pense l'avoir identifié. Il s'agirait d'un richissime Japonais de 24 ans, Mitsutoki Shigeta. C'est le fils aîné d'un milliardaire nippon du monde des télécoms qui s'est placé parmi les cinq plus grandes fortunes du monde. L'action de l'entreprise familiale a d'ailleurs chuté à la bourse de Tokyo.

Pour le moment, le jeune Mitsutoki Shigeta n'a pas pu être entendu par les enquêteurs, car il est reparti au Japon. Mais la police scientifique thaïlandaise examine est en train son ADN.

Flou juridique

L’affaire a dévoilé l’importance du secteur commercial de la gestation pour autrui en Thaïlande, un secteur qui a pu se développer grâce au flou juridique dans le domaine, nous indique notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus. Les seules dispositions juridiques qui existent en Thaïlande sur la gestation pour autrui sont des réglementations du Conseil de l’ordre médical, lesquelles ne s’appliquent qu’aux médecins. Elles ne permettent la gestation pour autrui que si la mère porteuse est parente avec l’un des membres du couple commanditaire et si la transaction n’a pas de caractère commercial. Ces réglementations peuvent compromettre la carrière de ces médecins qui pratiquent l’insémination artificielle dans un cadre commercial : leur licence peut en effet être suspendue ou même révoquée.

En revanche, les autres personnes impliquées dans une gestation pour autrui à caractère commercial ne peuvent pas en principe être inquiétées, qu’ils s’agissent des mères porteuses ou des couples commanditaires, car il n’y pas de loi générale sur le sujet. D’où la prolifération des cliniques et des agences qui fournissent de tels services, notamment après que l’Inde a interdit cette pratique en 2012. Pour combler ce vide juridique, un projet de loi interdisant la gestation pour autrui dans un cadre commercial a été rédigé. Il doit être voté sous peu par la nouvelle Assemblée nationale.

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