Avec notre envoyé spécial à Séoul, Antoine-Marie Izoard, et notre correspondant, Frédéric Ojardias
Les 800 000 fidèles installés sur l’immense place Gwanghwamun au centre de Séoul, entre les grands immeubles de la capitale coréenne, ont accueilli avec une liesse exceptionnelle le pape François, qui a traversé la foule à bord d’un pick-up blanc. Puis, les cris de joie des fidèles coiffés de casquettes blanches en papier - y compris des religieuses grimpées sur leurs chaises pour voir passer le pape -, ont subitement laissé la place à un profond recueillement lors de la messe de béatification de 124 martyrs.
A l’exception d’un prêtre chinois, Yoon, ces martyrs étaient tous des laïcs originaire de Corée, premiers évangélisateurs de la péninsule aux XVIIIe et XIXe siècles. Le pape a rappelé l’histoire particulière de l’Eglise catholique coréenne dont les premiers catholiques ont découvert la foi par eux-mêmes à travers des écritures ramenées de Chine, cinquante ans avant l’arrivée des missionnaires.
Le pape a aussi insisté sur la vocation des laïcs dans l’Eglise. Il a également exhorté les catholiques coréens, à l’exemple des martyrs, à suivre avant tout Jésus-Christ plutôt que « le monde », à ne pas faire de « compromis sur la foi » ni « diluer les exigences radicales de l’Evangile ». Fort du témoignage des martyrs, encore, le pape a demandé aux fidèles de ne pas rester insensibles à « la plus abjecte pauvreté » qui grandit en silence « à côté d’immenses richesses ».
Ironie de l’histoire, cette grande messe de béatification a eu lieu juste devant l’énorme palais de la dynastie Choson, celle des rois qui ont mené les persécutions contre les premiers catholiques coréens aujourd’hui béatifiés.