Kritsuda est la première personne à avoir eu le courage de faire de telles déclarations en public, et ce qu’elle raconte est très grave. La façon dont elle a été torturée, comment on lui a mis un sac plastique sur la tête jusqu’à ce qu'elle s’évanouisse et comment, ensuite, elle a été battue.
Quand les gens sont arrêtés et relâchés par les militaires, ils n’ont pas le droit de parler de leur détention en public, de critiquer les autorités ni de quitter le pays. Kritsuda a eu le courage de faire tout cela.
Il est difficile de dire si ce genre de cas est répandu. « Nous avons recueilli un certain nombre de témoignages similaires, sous couvert d’anonymat, explique Brad Adams, responsable Asie pour l'ONG Human Rights Watch. Leurs auteurs nous ont demandé de ne pas rendre leur histoire publique et nous respectons leur volonté. Mais disons que ces pratiques ne semblent pas exceptionnelles. »
Selon Brad Adams, les militaires contrôlent toutes les fonctions de l’État - la police, la justice, le pouvoir législatif -, rendant difficile pour lui d'espérer une enquête indépendante, même si la junte est très soucieuse de son image sur la scène internationale.