Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gee
Les deux anciens compagnons de Pol Pot devront cette fois-ci répondre de génocide. C’est la première fois que ce chef d’inculpation est examiné devant la juridiction parrainée par les Nations unies. Mais le génocide ne s’appliquera qu’à l’extermination des minorités cham, musulmane, et vietnamienne.
Dans la salle d’audience, ils sont nombreux à avoir effectué plus de cinq heures de bus pour découvrir le tribunal. C’est le cas de ce vieil homme, originaire de la province de Pursat : « J’étais curieux de venir voir l’endroit où on juge les Khmers rouges. C’est important pour moi, car j’ai perdu beaucoup de proches sous ce régime et je veux obtenir justice. »
L’incompréhension du public
L’homme dit avoir appris que le génocide figure parmi les chefs d’inculpation, affirmant, sûr de lui, savoir de quoi il retourne : « Je connais ce mot. Cela veut dire, ici, que les Khmers rouges ont voulu tuer tous les Khmers ! »
Même certitude chez cette paysanne, qui se montre déconcertée quand on lui apprend que le génocide des Khmers n’est pas à pris en compte : « Ce n’est pas juste. J’ai vécu cette période, je sais ce qu’il s’est passé. J’ai vu des Khmers être tués : on les attachait, on les frappait ! J’étais assez grande alors pour m’en souvenir. »
Un verdict incertain
Au-delà de cette incompréhension sur la question du génocide, ce nouveau procès se distingue du précédent par une meilleure représentativité des crimes commis par les Khmers rouges. Parmi les charges retenues, les crimes contre l‘humanité, incluant notamment les mariages forcés, les viols, ou encore la persécution des bonzes.
Sur les quatre anciens hiérarques arrêtés, il n’en reste aujourd’hui plus que deux jugés, ce qui fait craindre que ces derniers, des octogénaires à la santé fragile, ne meurent avant que le moindre verdict ne soit prononcé.