Tous les observateurs reconnaissent, officiellement ou officieusement, que la fraude est réelle. La pierre d’achoppement est pour l’instant le nombre de bureaux de vote qui doivent être réexaminés. Abdullah Abdullah réclame la révision de 11 000 bureaux. Ashraf Ghani, à l’issue de sa rencontre avec le secrétaire d’État américain, a donné son accord sur un peu plus de 7 000. Et selon la présidence afghane, l’objectif de la médiation porterait sur 8 000. Ce qui signifie que plus de 40% des voix du deuxième tour seraient suspectes.
Difficile d’obtenir un résultat crédible dans ces circonstances, mais pas impossible, selon John Kerry. L’avenir du pays est en jeu, un échec du processus attiserait les tensions communautaires entre Pashtounes et Tadjiks, et plongerait le pays dans l'instabilité, au risque de faciliter davantage la mainmise des talibans sur le pays.
Le secrétaire d’État américain a été très clair : si la crise ne trouve pas d’issue pacifique, toute aide financière et militaire de Washington cessera. Mais ce serait le pire scénario pour les États-Unis, échaudés par les conséquences de leur retrait total après la guerre en Irak. Washington s’active donc pour que le prochain président afghan soit légitime, et qu’il signe au plus vite l’accord bilatéral de sécurité pour le maintien de l’aide américaine après 2014, les deux candidats s’y sont engagés.