Avec notre correspondant à New Delhi, Sébastien Farcis
Au début de l'année dernière, plus de 100 millions de fidèles ont réalisé un bain rituel dans le Gange, lors du gigantesque pèlerinage du Maha Kumb Mela. Les scientifiques du centre de recherche atomique d'Hyderabad ont alors prélevé de cette eau... pour y trouver un niveau 50 fois trop élevé de chrome 6, un métal qui peut provoquer des ulcères et des cancers du poumon.
Ces résidus proviendraient des rejets d'acides des usines de tannage de cuir, qui opèrent le long du fleuve sacré. Cela fait des années que les écologistes affirment que le Gange est devenu toxique : rien qu'à Bénarès, les trois quarts des eaux usées y sont rejetées sans être traitées, et 30 000 cadavres y sont rituellement déposés chaque année, en espérant une résurrection heureuse.
Des millions d'euros ont déjà été investis pour le nettoyer, mais sans coordination. Cela pourrait changer : le Premier ministre Narendra Modi, qui a été élu député de Bénarès, en a fait une mission de son mandat et a créé un ministère du Rajeunissement du Gange.