Avec notre correspondant à New Delhi, Sébastien Farcis
En Inde, les réactions continuent à se faire sentir suite au viol collectif et au meurtre de deux adolescentes, dans la campagne de la région de l'Uttar Pradesh, dans l'est du pays. Ces jeunes filles de quatorze et quinze ans, appartenant à la communauté des intouchables, avaient ensuite été retrouvées pendues, mercredi matin. Les villageois accusent le gouvernement local et les policiers de ne pas prendre ce genre de crimes au sérieux quand ils sont commis contre des basses castes.
Cinq jours après la révélation de ce crime, la pression est montée jusqu'à la capitale régionale de l'Uttar Pradesh. Ce lundi matin, une centaine de femmes, appartenant au parti politique d'opposition dans la région, ont manifesté devant le siège du gouvernement de l'Uttar Pradesh – et ont été repoussés par des canons à eau. Ces manifestations, organisées par l'opposition du Bharatiya Janata Party (BJP), sont clairement politisées, mais ont l'avantage de dénoncer l'inaction coupable de la part des élus régionaux. Ceux-ci n'ont fait pour l'instant que mépriser les familles des victimes et défendre les policiers locaux, dont deux ont pourtant été accusés de complicité dans ce viol collectif. Un signe du préjudice profond dont souffrent les intouchables face aux autorités et à la justice.
Ce crime, qui a visé une famille d'intouchables de la campagne reculée, n'a pas mobilisé les foules comme lors de l'agression d'une jeune étudiante de New Delhi, fin 2012. Mais le nouveau gouvernement central semble vouloir agir et a demandé que l'enquête soit confiée au bureau national d'investigation, pour assurer son indépendance. Cinq personnes ont été arrêtées pour leur implication ou complicité, dont deux policiers. Ce dimanche, le bureau des Nations unies en Inde a fermement condamné ce crime et demandé la condamnation rapide de ses auteurs.