Afghanistan: mobilisation impressionnante des électeurs

La participation au premier tour de la présidentielle en Afghanistan pourrait avoisinner les 58%, a annoncé samedi la Commission électorale indépendante (IEC) après la fermeture des bureaux de vote. Tous les pronostiques qui promettaient une catastrophe ont semble-t-il été déjoués. Malgré quelques violences - 20 personnes dont 4 civils ont été tués dans des accroches avec les talibans - c'est une défaite pour les insurgés.

Avec notre correspondant régional, Nicolas Ropert

C'est un déroulement que peu d'observateurs avaient prédit. Mais l'Afghanistan a réussi la première partie de sa transition démocratique. Alors que les soldats de l'Otan sont en train de quitter le pays, les forces afghanes étaient en première ligne pour cette élection. 190 000 militaires et policiers ont été déployés pour assurer la sécurité. Et même si les talibans ont mené quelques attaques, notamment dans le Nord, le scrutin s'est plutôt déroulé dans le calme. Malgré quelques tentatives, les talibans n'ont pas réussi à déstabiliser le premier tour de l'élection. Mais tout reste désormais à faire, confie à RFI, le responsable de la mission d'observateurs de l'Union Européenne.

« On a été agréablement surpris », note un diplomate occidental à Kaboul, qui se félicite aussi de la forte mobilisation des électeurs, notamment des femmes. A travers le pays, on a pu voir de gigantesques files d'attente devant les écoles et les mosquées utilisées comme bureaux de vote. Mais attention, préviennent les observateurs, de ne pas crier victoire trop rapidement. Dans les campagnes, il semblerait que les électeurs aient été largement moins nombreux à se déplacer pour voter.

Rapatrier les urnes à Kaboul

Certains candidats ont dès samedi soir dénoncé des fraudes. D'autres, comme le docteur Abdullah, présenté comme l'un des favoris, estiment que les dysfonctionnements comme le manque de bulletins dans certains bureaux de vote, vont le pénaliser. Plusieurs centaines de recours vont être déposés auprès de la commission des plaintes. C'est elle qui devra trancher de la validité ou non de ces demandes. Et si les plaignants ne sont pas entendus, la situation pourrait dégénérer.

Le prochain défi sera maintenant de rapatrier ces urnes dans la capitale afghane où les résultats seront comptabilisés. Un transport qui fait craindre des manipulations. Cela devrait prendre plusieurs semaines. Au fur et à mesure de la campagne, trois favoris se sont dégagés, pourtant si un deuxième tour est annoncé, ils ne seront que deux. Difficile de savoir si le vaincu acceptera la décision sans réagir. Les premiers résultats officiels sont annoncés pour le 24 avril. Un second tour pourrait, lui, avoir lieu le 28 mai prochain.

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