Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
La visite du Premier ministre chinois Li Keqiang au printemps 2013 au château de Cecilienhof, où les accords de Potsdam en 1945 avaient été signés par les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, paraissait bien anodine. Mais les déclarations de Li Keqiang présentant la Chine comme un autre vainqueur du conflit et réaffirmer les prétentions territoriales de Pékin sur des îles disputées au Japon avaient été mal perçues par les diplomates allemands.
Lorsque le président chinois a exprimé le souhait en amont de sa visite de se rendre au mémorial de l’Holocauste au cœur de Berlin, les responsables allemands ont immédiatement tiré la sonnette d’alarme. Pas question que Pékin instrumentalise un lieu quasi sacré dans ses démêlés avec le Japon. Berlin craignait que le président chinois ne profite de cette visite pour renvoyer Tokyo à ses crimes de guerre et obtenir que le Japon reconnaisse sa culpabilité pour les souffrances infligées en Chine durant l’invasion du pays par Tokyo à la fin des années 1930.
La visite ne figure pas sur le programme officiel du président chinois. Bien sûr, personne ne peut l’empêcher de se rendre de lui-même sur place. La question était des plus délicates pour Berlin : les étroites relations économiques avec Pékin comme les espoirs d’un soutien plus important de la Chine sur le dossier ukrainien ne devaient pas être égratignés.