Avec notre correspondant à Taipei, Clément Robin
En à peine 30 minutes de discours, Ma Ying-jeou persiste et signe. Il l’a répété ce dimanche, l’accord commercial avec la Chine est indispensable pour Taïwan. D’abord pour dynamiser l’économie taïwanaise qui est à la traîne en ce moment, comparé à ses voisins comme Singapour ou la Corée du Sud. Le niveau de vie des Taïwanais a encore diminué cette année, descendant sous celui enregistré en 1998. Mais surtout, le président du Kuomintang, le parti au pouvoir, veut permettre à son pays de gagner en crédibilité au niveau international. L’île n’est reconnue que par 22 pays peu influents à l’échelle mondiale.
Relever la tête
Pour lui, si Taïwan veut relever la tête, cela passe par le rapprochement avec la Chine, au cœur de son programme depuis son élection en 2008. Sauf que ce rapprochement se fait « sous la table », sans concertation. Et le dernier accord touche une corde sensible. Il ouvre le secteur des services aux entreprises chinoises, soit plus des deux tiers du produit intérieur brut du pays.
Beaucoup de Taïwanais, très attachés à leur souveraineté, y voient un signe de plus que leur pays est englouti petit à petit par la Chine. Pékin aimerait appliquer ici la même doctrine que pour Hong Kong et Macao, à savoir « un pays - deux systèmes ». Cette peur, les manifestants continueront de l’exprimer dans la rue, tant que le président qui n’a que 9% d’opinions favorables ne fait pas marche arrière.