Vol MH370: de Pékin à Kuala Lumpur, la profonde détresse des familles

L'enquête sur les passagers du MH370 n'a pas permis d'identifier des suspects. La police malaisienne a cependant découvert que des données avaient été effacées du simulateur de vol du pilote. Pendant ce temps, en Chine, les familles désespérées envisagent de faire une grève de la faim pour dénoncer l'attitude des autorités malaisiennes.

La détresse des familles restées à Pékin

Le regard fixé au sol, les traits tirés, les proches des passagers disparus sortent de leur salle de réunion pour déjeuner au restaurant de l’hôtel, rapporte notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt. Après dix jours et dix nuits d'une attente insupportable, les familles des 153 passagers chinois du vol MH370 préfèrent rester regroupées et échanger les informations qui tombent au compte-gouttes.

La menace de quelques-uns de commencer une grève de la faim n’a pas trouvé un écho positif. « Je ne pense pas me mettre en grève de la faim, témoigne un parent. Certains l’ont proposé, mais je trouve qu’il vaut mieux que la pression vienne de notre gouvernement, explique le père d'une passagère. Nous, on veut seulement que nos proches rentrent le plus rapidement possible. Pour moi, il s’agit de ma fille unique, elle s’appelle Yang Jiabao. Je veux des informations précises, ça fait trop longtemps qu’on attend ici. Chaque jour est une galère, on est trop fatigué. »

La colère des débuts s’est estompée. Aujourd’hui, il ne reste aux familles que la déception et un sentiment d’impuissance. « Le gouvernement malaisien nous donne souvent des informations et les dément par la suite… il se contredit tout le temps, s'insurge un autre parent. Du côté chinois, ça va. Notre gouvernement a déjà mobilisé des satellites et envoyé des navires militaires ainsi que des secouristes pour chercher l’avion » ajoute un autre proche.

Dans le couloir de l’hôtel Jidou, près de l'aéroport international de Pékin, quelques proches ont collé un poème au mur : il porte le titre « je vous attends ».

Celle aussi des familles à Kuala Lumpur

Un cri, une lamentation qui s’élève au milieu d’un bouquet de caméras. Une détresse qui brutalement personnifie la disparition du vol MH370 de la Malaysia Airlines que les journalistes couvrent depuis douze jours.

Quelques minutes plus tôt, trois femmes chinoises, des proches de passagers sont venues au centre de presse de Kuala Lumpur, avec une bannière, raconte notre correspondante à Kuala Lumpur Carrie Nooten. L’une d’elle porte un masque, c’est une mère qui se dit exaspérée d’attendre, alors elle a quitté l’hôtel où sont parquées les familles, a pris le bus avec ses deux amies pour venir « au plus près des sources d’informations ».

Les trois femmes se plaignent auprès des journalistes, en chinois, juste avant le point presse quotidien. Elles accusent les autorités malaisiennes d’être trop lentes. Puis des agents s’approchent et les font évacuer de force. Elles crient, l’une d’elle tombe même à genoux par terre, entre les reporters et la police.

Les femmes sont évacuées dans une pièce adjacente. Et quand elles sortent 10 minutes plus tard, apparemment les mains derrière le dos, c’est la bousculade. « Police, police » : Les policiers, peu habitués à gérer autant de journalistes et à former un cordon de sécurité, bousculent sans ménagement la presse, se saisissant littéralement des cameramen et les poussant sur plusieurs mètres. Malgré toutes les questions hurlées par les journalistes en chinois, les trois femmes sont restées muettes, le visage fermé. Pendant ce temps-là, le ministre de la Défense et des Transports a tenu son allocution quotidienne. Il s’est dit peiné pour les familles.

→ à (re)lire : Le gouvernement accusé de rétention d'information

► à écouter ce soir Le Décryptage de la rédaction avec Jean Serrat (18h10 TU) ancien commandant de bord, président de l’association PNT 65.

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